L'Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, "Ebuteli", membre du consortium Le Congo n'est pas à vendre (CNPAV), recommande la révision de la loi électorale en y intégrant des dispositions de lutte contre la corruption pour améliorer l'organisation des prochaines élections en République démocratique du Congo.
Cette recommandation, qui figure parmi tant d'autres, résulte de son rapport intitulé "Corruption électorale sans frontières en RDC : des leçons à tirer pour l'avenir".
Un an après les dernières élections présidentielles et législatives en RDC, ce rapport a examiné les pratiques de corruption centralisées et décentralisées qui accentuent la crise de légitimité et le déficit de redevabilité politique, non seulement au niveau du pouvoir central, mais aussi au niveau des provinces.
Pour tous les scrutins, les investigations menées révèlent, selon cet institut congolais, une corruption « sans frontières », touchant presque tous les acteurs du système, aussi bien politique que judiciaire, caractérisée par le clientélisme ou le patronage.
Comme si cela ne suffisait pas, Ebuteli déplore aussi ce fait :
"Alors que le pays a désormais recours à la technologie électorale avec les dispositifs électroniques de vote, les économies budgétaires n'ont pas été réalisées. Bien au contraire, on a assisté à une augmentation spectaculaire du budget des élections, passant plus ou moins de 540 millions en 2006 à au moins 1 milliard de dollars américains en 2023".
Selon le même document, Ebuteli poursuit :
"Le dernier processus électoral se caractérise également par l'ampleur des scandales de corruption électorale sous diverses formes : détournement des dispositifs électroniques de vote, achat des voix, manipulation des résultats à la CENI, à la Cour constitutionnelle et au niveau des cours d'appel, etc."
Au cours d'un forum organisé mardi à Kinshasa, les participants ont émis leurs avis au sujet de ce rapport :
"Les élections servent à choisir les meilleurs d'entre nous, mais lorsque la corruption est telle que décrite dans le rapport d'Ebuteli, nous ne choisissons pas les meilleurs", a déploré Pascal Isombisho, professeur à l'Institut supérieur pédagogique de la Gombe.
De son côté, le député honoraire Juvenal Monubo, candidat malheureux à la législature passée, soutient ces réformes de la CENI. Pour lui, sans réforme, ça ne sert à rien d'aller aux élections en 2028.
À leur tour, certains participants membres de la société civile ont même proposé la dissolution de la Commission électorale nationale indépendante puisqu'elle n'a pas satisfait la population. Une proposition qui a recueilli l'assentiment des représentants de la CENI présents à ce forum.
Tout en soutenant également ces réformes voulues par Ebuteli, le directeur du cabinet de la CENI est allé plus loin en souhaitant la réforme de l'organisation des élections en RDC, c'est-à-dire les confier soit au ministère de l'Intérieur, soit à une structure hybride. Le directeur de cabinet de la CENI a estimé que la corruption en RDC est un fléau décentralisé qui n'est pas à attribuer seulement à l'institution électorale.
Pour sa part, Fabien Mboko, membre de la plénière de la CENI, a dénoncé le manque d'objectivité dans le rapport d'Ebuteli. Il a plutôt dénoncé "une sorte de fatwa" contre cette institution d'appui à la démocratie dont il fait partie. Ce membre de la CENI a, à cet effet, rejeté "des allégations et des affirmations gratuites qui ne peuvent pas honorer l'étude scientifique présentée par Ebuteli".
"Il y a des présomptions, des a priori que vous mettez sur la tête de la CENI", a-t-il dénoncé.
Bienvenu Ipan