Le parlementaire américain Ronny Jackson a présenté mardi 25 mars 2025, devant la sous-commission des affaires africaines de la Chambre des représentants aux États-Unis, le rapport de sa tournée en RDC le 16 mars dernier à Kinshasa, puis au Rwanda une semaine après, où il a successivement rencontré le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi et le président rwandais Paul Kagame.
Lors de son intervention, il a déploré le niveau de corruption en République démocratique du Congo face à un système judiciaire partial, ainsi qu'une fiscalité asphyxiante qui décourage les investissements étrangers.
« Lors de ma visite, j'ai été choqué par le niveau de corruption. J'ai parlé ce matin à une entreprise suisse qui m'a indiqué que sa valeur était d'environ 18 milliards de dollars, mais qu'elle avait reçu l'an dernier une facture d'impôts de 80 milliards de dollars, ce qui est ridicule. Après protestation, cette somme a été réduite à un milliard de dollars, ce qui représente tout de même plusieurs centaines de fois leurs bénéfices annuels. Ils sont imposés à un taux totalement déraisonnable », a-t-il dénoncé.
Ronny Jackson a également pointé de graves problèmes de gouvernance et l'aggravation de la crise dans l'Est du pays, marquée par l'incapacité de l'armée congolaise à empêcher le pillage des minerais par les pays voisins.
« L'Est de la RDC est une zone sans gouvernance effective. Le gouvernement de Kinshasa n'a actuellement ni les ressources ni la capacité de contrôler cette région. L'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et d'autres y extraient des minerais sans aucun obstacle pour les en empêcher », a-t-il déclaré.
Pour trouver une solution, le parlementaire américain a appelé les présidents Tshisekedi et Kagame à mettre de côté leurs divergences et à établir un modus vivendi permettant à la région de l'Est de servir les intérêts de tous les pays concernés.
En réponse, le gouvernement congolais a réagi dès le mercredi 26 mars 2025 par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, précisant que ces déclarations n'engageaient pas le gouvernement américain : « Il s'agit de son opinion personnelle qui ne reflète pas la position officielle des États-Unis ».
Cette intervention survient alors que la RDC et les États-Unis envisagent de signer un accord sur l'exploitation minière. Le président Tshisekedi l'a confirmé la semaine dernière lors d'une interview avec Fox News, chaîne proche de l'administration actuelle de la Maison Blanche.
Le département d'État américain avait récemment indiqué que Washington était disposé à discuter avec Kinshasa de l'exploitation des minerais stratégiques congolais, avec possibilité d'un soutien sécuritaire à la RDC.
Jean-Baptiste Leni