FARDC-M23/RDF : Bruxelles réaffirme sa détermination à mettre fin à la crise en RDC, alors que Kigali suspend sa coopération avec la Belgique

Paul Kagame, président du Rwanda
Paul Kagame, président du Rwanda
PAR Deskeco - 19 fév 2025 15:27, Dans Actualités

Kigali et Bruxelles ne s’entendent plus depuis que les appels se sont multipliés pour exiger des sanctions contre le Rwanda pour son soutien à la rébellion de M23, qui déstabilise la région de l’Est de la République démocratique du Congo. Ce soutien s’est de plus en plus renforcé pour une seule raison : piller des minerais stratégiques de la RDC, afin de les revendre à l’Union européenne et aux firmes internationales, telles qu'Apple, le géant américain fabriquant de la marque iPhone. Le Rwanda est positionné aujourd’hui comme premier exportateur minier, alors qu’il n’y a aucune quantité sous son sol.

Ce mardi 18 février 2025, le ton s’est haussé après un communiqué de Kigali suspendant sa coopération au développement avec la Belgique. Cette suspension a, par conséquent, mis un terme au programme d’aide bilatérale 2024-2029. Pour Kigali, c’est clair que les actions de Bruxelles ne s’alignent plus dans une perspective de médiation.

« Alors que la communauté internationale est appelée à soutenir le processus de médiation mandaté par l’Union africaine et le sommet conjoint EAC-SADC pour résoudre la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo, la Belgique a mené une campagne agressive aux côtés de la RDC, visant à saboter l’accès du Rwanda au financement du développement, y compris auprès des institutions multilatérales », peut-on lire dans le communiqué de Kigali.

Kigali ajoute :

« La Belgique a pris une décision politique en choisissant un camp dans ce conflit, ce qui est son droit, mais politiser le développement est fondamentalement inacceptable. »

Kigali veut, à travers cette décision, s’affirmer devant ses autres partenaires, qu’il demeure inébranlable et qu’il est prêt à défendre sa souveraineté, ce qui est, tout de même, fragilisant pour un pays qui ne dépend que des aides au développement internationales et qui a une économie basée sur une exploitation minière illicite dans un autre pays. Imaginez que tous ses partenaires, qui s’approvisionnent de ces minerais illicites qu’il vend, se retiraient : quel serait son sort économiquement ? N’est-ce pas là une agitation ?

« Le Rwanda ne se laissera pas intimider ni faire chanter au détriment de sa sécurité nationale. Les partenariats de développement doivent être fondés sur le respect mutuel. Maintenir ce respect mutuel et soutenir pleinement la médiation de l’UA/EAC/SADC est essentiel en ces moments difficiles pour notre région », insiste-t-il dans le communiqué.

De son côté, Bruxelles reste diplomatique et modérée dans sa réaction, et lui rappelle que :

« Suite à la violation par le Rwanda de l’intégrité territoriale de la RDC, nous étions en train de revoir notre coopération en vue de prendre des mesures décisives en réponse à cette situation. Nous sommes déterminés à poursuivre nos efforts de sensibilisation et de mobilisation de la communauté internationale pour trouver une solution pacifique au conflit à l’Est de la RDC, fondée sur le droit international », réagit la Belgique.

Pour rappel, la Belgique et la RDC entretiennent une relation reposant sur l’histoire de colonisation. Les Congolais ont été colonisés par les Belges de 1885 à 1960. La Belgique est aujourd’hui le seul État dans l’Union européenne qui semble engager des actions concrètes démontrant son désaccord au soutien du Rwanda aux M23. Ceci après un long moment de méfiance. Pendant ce temps, l’Union européenne continue de jouer la carte du silence, bien que la résolution du parlement européen demande à l’UE de suspendre son accord sur les minerais stratégiques conclu en février 2024 avec le Rwanda.

Jean-Baptiste Leni

Articles similaires