Chercheur en économie et assistant à l'Université Révérend Kim à Kinshasa, Christ Kahambwe a recommandé jeudi la réduction du train de vie des institutions publiques de la République démocratique du Congo pour poser les bases d'une paix sociale durable en réduisant les frustrations sociales et contribuer à une stabilité économique durable.
« Le gouvernement congolais doit s'imprégner d'un modèle de réduction du train de vie de l'État, qui ne serait pas seulement un ajustement budgétaire, mais une véritable révolution institutionnelle. Ce modèle, en assurant une réduction des frustrations sociales, contribuerait à une stabilité économique durable et poserait les bases d'une paix sociale solide et d'une gouvernance efficace et équitable », a déclaré Christ Kahambwe.
Selon lui, la politique économique, en particulier la politique budgétaire, repose sur trois fonctions fondamentales : l'allocation des ressources, la stabilisation macroéconomique et la redistribution des revenus.
« Force est de constater que ces trois piliers sont gravement affaiblis, voire dysfonctionnels, dans le contexte congolais, à l'instar de plusieurs pays africains. Toutefois, le dysfonctionnement de la fonction redistributive retient ici particulièrement notre attention », a-t-il ajouté.
Christ Kahambwe a souligné qu'en RDC, le revenu national, déjà structurellement faible, est réparti de manière inégalitaire : une minorité détient une part démesurée des richesses, tandis que la majorité peine à couvrir ses besoins fondamentaux, un phénomène mieux expliqué par "l'indice de Gini", qui mesure les inégalités de revenus ou de richesse au sein d'une population.
Il a expliqué que cette injustice économique alimente les frustrations sociales et engendre un sentiment d'exclusion si profond qu'il pousse certains concitoyens à adopter des comportements antirépublicains.
Une réforme courageuse de la redistribution des revenus
Le chercheur a indiqué que le véritable défi ne réside donc pas seulement dans la croissance du revenu national, mais surtout dans sa redistribution équitable.
Il a recommandé au gouvernement la réduction significative du train de vie des institutions publiques en supprimant les dépenses ostentatoires et non essentielles, la rationalisation des structures administratives par fusion d'entités aux missions similaires, la révision de la grille salariale dans la fonction publique, le renforcement des filets sociaux et des mécanismes de redistribution directe.
« Malgré la signature récente de l'accord de paix avec le Rwanda, la RDC demeure en proie à une instabilité sécuritaire chronique. Cette insécurité n'est pas seulement d'origine exogène : elle reflète aussi un choc social nourri par une redistribution profondément inéquitable des revenus », a-t-il conclu.
Bienvenu Ipan