RDC : L’ODP déplore l’absence du plan national stratégique de développement (PNSD) pour l’élaboration d’un budget à la hauteur des attentes de la population depuis 2023

Franc Congolais
Franc Congolais
PAR Deskeco - 30 nov 2024 06:56, Dans Finances

L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a exprimé, dans une étude portant sur la gouvernance budgétaire de 2022 à 2024 en RDC et rendue publique jeudi 28 novembre 2024, son inquiétude concernant l’absence du plan national stratégique de développement (PNSD) dans le cadre de l’élaboration des lois de finances depuis 2023 et 2024, et aujourd’hui pour 2025. L’organisation fustige également l’absence du cadre des dépenses à moyen terme, ce qui fait que les budgets élaborés ne sont jamais réalistes par rapport aux réalités de pauvreté dont souffre la population congolaise.

« Le pays navigue à vue sans boussole », peut-on lire dans l’étude.

L’ODP martèle, dans l’étude, que le manque du plan national stratégique de développement fait que les lois de finances, notamment celle de 2025 qui est actuellement au Sénat, présentent souvent une budgétisation déconnectée des politiques publiques et d’un processus de programmation/budgétisation souffrant d’un ancrage du Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT).

Le rapport révèle, par ailleurs, des défis graves dans la mise en application du budget, dont le non-respect de la procédure d’encaissement et de décaissement des fonds, selon les chaînes des recettes et des dépenses. Il s’observe un dépassement des allocations budgétaires des institutions et ministères de souveraineté, au détriment des ministères à caractère social et économique. Ces ministères à caractère social, notamment celui de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage, ne bénéficient pas d’assez d’attention, alors que leur intervention est directement liée au bien-être de la population.

Elle mentionne que depuis 2023, les mobilisations de recettes demeurent faibles en raison du déficit de suivi et de contrôle par le Parlement, l’Inspection Générale des Finances, ainsi que la Cour des Comptes, dans l’exécution du budget. À cela, l’ODP ajoute les régimes fiscaux spéciaux excessifs (exonérations, taux particuliers, exemptions, etc.) appliqués aux personnes physiques et morales, dont les effets ont des répercussions sur la baisse du niveau de mobilisation des recettes publiques.

Face à une situation financière et économique préoccupante, le cadre macroéconomique de la RDC a présenté un taux de croissance économique en baisse totale de 5,4 % en 2024, comparativement à 2022, où il était de 8,9 %, et de 8,6 % en 2023, avec une projection pour 2025 de 5,7 % pour un budget général sous-évalué au Sénat à 51 133 milliards de FC, soit environ 20 milliards USD, qui est « un budget appauvrissant », selon l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, qui l’a dit lors de son intervention à l’Assemblée nationale vendredi 22 novembre 2024.

« Avec un taux de croissance économique nominal de 5,7 % et un taux de croissance démographique, c’est-à-dire de l’accroissement des bouches à nourrir, de 3,5 %, le solde de taux de croissance est de 2,2 % par habitant. Si l’on tient compte du taux d’inflation à la fin de la période, repris sur le cadrage macroéconomique, nous avons un taux d’inflation de fin de période de 9,2 %. En d'autres termes, le taux de croissance économique réelle par habitant est négatif. C’est-à-dire qu’au terme de l’exercice budgétaire 2025, la RDC constatera l’appauvrissement de sa population. », peut-on lire dans l'étude.

Jean-Baptiste Leni

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