À quoi ressemblait l'avenir du monde avant la crise de Covid-19. Une forte concurrence des géants était attendue au cours des prochaines décennies dans les marchés mondiaux. L'Occident avec une démographie médiocre défend sa position de technologie et leader de l'innovation, qui nécessitera de générer constamment des innovations. La civilisation est-asiatique aurait progressé dans la croissance de la production, augmentant sa part dans PIB mondial, mais prétendant également jouer un rôle de premier plan dans l'innovation. La crise sanitaire de Covid-19 a engendré de manière inattendue de multiples transmutations sociaux et économiques. Dire que cela apportera un nouvel ordre mondial, c'est dramatiser sinon fantasmer un peu trop.
Jusque-là les incidents ne se sont pas produits comme l'exige le cycle dans les tiers-mondistes. Il y a lieux à faire comprendre aux âmes congolaises que le succès dans l’entrepreneuriat ne réside pas dans la fureur d’amasser des collines de dollars mais plutôt à résoudre un problème ou créer un gout. C’est après l’un ou pourquoi pas les deux prérequis que peut potentiellement tisser une richesse générationnelle qui est différent et loin mieux de ceux qu’on assiste en RDC des jouissances éphémères. Ce qui reste pour transformer la pensée en produit ou service est un écosystème politique, social et économique modernisé adéquat. Ici, c'est à l'État de créer des surplus sociaux ou une discrimination positive en faveur des nationaux pour que les citoyens puissent en exploiter pour générer des surplus monétaires ou profits. Ceci sera bénéfique d'une manière ou d'une autre à tous et transformera la majeure partie de notre économie qui dans l'informel au formel.
L’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements « ANAPI » devrait être à l'avant-garde de la riposte contre les décennies de marasme social et économique que Covid-19 nous a donné une autre raison de faire. Toutefois, il convient de noter que le gouvernement peut aujourd’hui dissoudre l’ANAPI sans que les congolais ne s'en rendent compte. Ceci va de même pour le manque de pertinence du Fonds de Promotion de l'Industrie « FPI » dont l’état d’âme est dépassé.
On est époustouflé lorsque l'on lit l'énoncé de mission de l’ANAPI qui est d’œuvrer pour l'amélioration du climat des affaires et la promotion d'une image positive de la RDC en vue d'attirer les investissements au pays ; Assurer aux investisseurs divers services destinés à faciliter leur installation au pays et à leur procurer la compétitivité. Hélas, par les paramètres qui lui sont déterminants, l'agence tombe vraiment hors de son but d'exister.
D’une part, l’ANAPI passe son temps à faire un clin d'œil que personne n'a remarqué jusqu'à présent à cause d'une certaine fainéantise dans sa croisade. Là encore, l’ANAPI fait appel à des investissements sans même une dent pour garantir leur protection. L’irrationnel dans sa stratégie est par le fait de chercher des chevaliers très blancs qui se présenteront avec des sacs de dollars tout en négligeant les nationaux et en ignorant la laideur sociale et économique de la RDC qui saute à la face d’un investisseur ou un entrepreneur. La RDC est classée en 2019 au 184e rang sur 190 pays dans le tableau « ease of doing business ». Cela signifie simplement que la RDC est l'un des pires endroits où investir. C'est comme si l'ANAPI essayait de convaincre les étrangers d'ouvrir des restaurants dans un désert rempli de voleurs nomades.
Même après tabula rasa, des nouveaux schémas de l’ANAPI ne peuvent pas être aussi puissants que nous le souhaitons là où la magie n'est pas dans l'air. La science est la fondation de l'économie innovante. Si on peut bien le synchroniser, la science produit de nouvelles connaissances ; l'éducation le diffuse et le systématise également pour en faciliter l'appréhension. La science apporte donc essentiellement des connaissances qui forme le contenu de l'éducation, et l'éducation, à son tour, forme le personnel scientifique des institutions de recherche.
L'expertise scientifique indépendante, sans intérêt bureaucratique, joue un rôle important dans tous les pays développés, mais pas dans notre pays, surtout à cause de la politique qui désoriente les hommes et femmes de science délégitimant la communauté des experts. Il est donc essentiel que l’ANAPI joue un rôle dans la transformation de nos usines de savoir en faisant le développement prioritaire et généralisé de l'industrie innovante, de la commercialisation de la science. Au lieu de prospecter des investissements pour la RDC, ce devrait être une croisade de trouver des fonds orientés vers les Congolais, pour moderniser les moyens individuels d'engagement ou de participation dans une industrie ou un secteur de haute valeur. L'épanouissement de l'entreprenariat local va attirer de soi-même les investisseurs avérés. Ils sont toujours à la recherche des solutionneurs des grands problèmes et non pas répondre à des besoins primitifs comme le nôtre, se remplir le ventre.
Jo M. Sekimonyo
