100 premiers jours de Félix Tshisekedi : Les premiers pas dans la lutte contre la corruption

PAR Deskeco - 07 mai 2019 09:26, Dans Actualités

Le chef de l'Etat a donc fait de la corruption son cheval de bataille pour redresser la gouvernance en RDC qui était, durant le règne de son prédécesseur, gangrenée par la corruption, les détournements des deniers publics et l'impunité.

Ces antivaleurs font que la RDC perd chaque année, selon plusieurs études, entre 15 et 20 milliards USD alors que son budget national exécuté dépasse rarement les 5 milliards USD, ces 10 dernières années.

Dans sa série d'articles sur les 100 premiers jours du président Félix Tshisekedi, DESKECO.COM relève ici les premiers actes posés, depuis le 24 janvier 2019, contre la corruption qui est sans doute le plus grand chantier du nouveau locataire du Palais de la Nation.

Sachant que le gouvernement baignait dans la mauvaise gouvernance à tous les niveaux, le premier acte posé par le nouveau chef de l’Etat a été de bloquer tout retrait de fonds pour les dépenses publiques. Le gouvernement et les entreprises publiques ne devraient plus poser certains actes.

"Aux membres du gouvernement et dirigeants des entreprises, établissements ainsi que des services publics de l'Etat, à dater de ce jour jusqu'à nouvel ordre, les recrutements et les mises en place du personnel sont suspendus... Il en est de même des engagements et liquidations de dépenses autres que celles liées aux charges du personnel. Les cas exceptionnels sont soumis à l'autorité préalable de son Excellence Monsieur le Président de la République ", notait le communiqué de la présidence de la République, daté du 26 janvier 2019, soit 48 heures après la prise du pouvoir.

Aux premiers jours de son pouvoir, Félix Tshisekedi a aussi  instruit le ministre de la Défense, Atama Tabe, d'exécuter une ordonnance de son prédécesseur datée du 28 décembre 2018 révoquant un général de brigade pour détournement. Ainsi, par sa lettre du 29 janvier 2019, soit 5 jours seulement après l'arrivée au pouvoir du nouveau chef de l’Etat, le ministre de la Défense, a notifié le général de brigade Salumu Mbilika, conseiller chargé du génie à l'inspection générale des FARDC, sa révocation de l'armée pour "détournement de fonds". C'est le deuxième acte fort engagé contre l'impunité et la corruption.

Le troisième acte a été de rapporter un contrat léonin. À l'issue d'une réunion interinstitutionnelle convoquée le 1er février, soit une semaine après son investiture, Félix Tshisekedi a ordonné au gouvernement de "rapporter" le contrat sur le contrôle des flux téléphoniques, confié à AGI (Africa General Investiment), une société sans aucune référence à l'international dans le secteur des télécommunications.

Après avoir rapporté ce contrat léonin, le Premier ministre, Bruno Tshibala, un des militants de cette mafia, vient, par un décret daté du 27 avril 2019 que DESKECO.COM vient de consulter, d'annuler le contrat de partenariat signé le 15 janvier 2015 par la République démocratique du Congo, représentée par le ministre des PT-NTIC, Emery Okundji, et la Société Africa General Investiment (AGI), portant sur le contrôle des flux téléphoniques.

Par ce même décret, le Premier ministre a abrogé tous les autres arrêtés ministériels liés à ce contrat notamment ceux du 30 janvier 2018 portant "mise en place d'un mécanisme de contrôle des flux téléphoniques des réseaux des télécommunications en République démocratique du Congo" et  l'autre portant "désignation d'un opérateur chargé de l'installation et de l'exploitation du système de contrôle de ces flux."

Ce contrat était déséquilibré pour la RDC. Au terme de ce deal où seuls des sbires du régime se sont octroyés des avantages mirobolants, AGI devrait engranger, chaque mois, environ 23 millions USD, soit 85% des recettes, contre à peine 2,7 millions pour l'Etat congolais à travers l'ARPTC (Autorité de régulation des postes et télécommunications), soit 10%, et 1,3 million USD, soit 5%, à une commission fantôme d'experts de la primature, du ministère des PT-NTIC et de l'ARPTC.

L'annulation de ce contrat où les intérêts de la RDC étaient volés au bénéfice des individus est un signal fort du président de la République dans son engagement à lutter contre la corruption.

Le quatrième acte posé contre la corruption est la suspension du gouvernement du ministre des Affaires foncières, Lumeya Dhu-Maleghi, et de sa mise à disposition de la justice pour des dizaines d'arrêtés ministériels suspects signés en marge de la loi et dans le but de se procurer des terrains à travers plusieurs quartiers tant à Kinshasa que dans les provinces.

"Le président de la République m'a chargé d'instruire au Premier ministre de procéder à la suspension de l'intéressé et de requérir le procureur général de la République pour l'ouverture d'une procédure judiciaire à charge de ce ministre", disait le 13 mars sur les antennes de la RTNC le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Vital Kamerhe, parlant du ministre des Affaires foncières.

Ce ministre a effectivement été suspendu du gouvernement après quelque réticence du Premier ministre prétextant le respect de la procédure. Mieux, avant d'être suspendu, il lui a été imposé d'annuler tous les arrêtés querellés. Ce qui a été fait. L'affaire se trouve en ce moment devant les cours et tribunaux. C'est une première. Sous l'ancien régime cela n'était aucunement possible.

Lire aussi : RDC : Le financement du “Programme 100 premiers jours” creuse le déficit des finances publiques

Le 5ème acte à mettre à l'actif du chef de l'Etat dans ses efforts de juguler la corruption est la décision de ne maintenir au poste frontalier de Kasumbalesa, deuxième du pays après Matadi, et dans tous les postes frontaliers de la RDC que les 4 services publics, à savoir la DGDA, l'OCC, la DGM et les services d'hygiène.

Tous les services militaires qui étaient à Kasumbalesa ont été relevés. Il en est de même de toutes les barrières illégales des militaires érigées sur la route Lubumbashi-Kasumbalesa.

Autant d'actes qui prouvent que Félix Tshisekedi, malgré l'absence d'un gouvernement investi de plein pouvoir, a la volonté politique de lutter contre la corruption qui est un fléau pour la RDC.

Lire aussi : RDC : les 10 dossiers économiques sales de la République 

Amédée MK


 

 

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