RDC : Les 5 dossiers brûlants qui attendent le gouvernement Ilunga Ilunkamba

PAR Deskeco - 03 juin 2019 12:27, Dans Actualités

Tout reste prioritaire en République démocratique du Congo après les 18 ans de règne de Joseph Kabila. Cependant,  DESKECO.COM recense ici cinq priorités sur lesquelles le prochain gouvernement ne saurait se passer sans mettre, dès le départ déjà, son mandat en échec.

Quoi qu'il en soit le gouvernement ne pourrait ignorer l'urgence et la nécessité de s'attaquer en priorité à ces 5 défis qui , sommes toutes, s'imposent. Il s'agit de :

 

  1. La Riposte contre Ebola. Le dernier bilan de la situation au 2 juin fait état de 1994 cas d'atteinte dont 1900 confirmés et 94 probables. On est au point de franchir la barre de 2000 contaminés depuis le début de l'épidémie en août 2018 alors que le total de décès est chiffré à 1339 dont 1245 confirmés et 94 probables. Pendant ce temps, 325 cas sont en cours d'investigation. Le président avait déjà compris le danger de cette épidémie à virus Ebola non seulement sur son quinquennat mais aussi sur le risque qu'il échappe au contrôle du dispositif de la riposte. Ainsi, il a été créée un comité multisectoriel placé sous la supervision du Premier ministre. Il est impératif que le gouvernement soit opérationnel le plus vite afin de mettre tous les moyens nécessaires devant arrêter la propagation de la maladie. Ce qui imposent des moyens militaires et sécuritaires, financiers, sanitaires, et même de sensibilisation pour toucher les populations à respecter le processus vertueux de la riposte contre Ebola. Un débordement de cette crise sanitaire impacterait négativement l'économie déjà fragile de la RDC.

 

  1. Les 13 millions de personnes souffrant de famine extrême en RDC, selon le PAM. Il est inadmissible qu'en RDC 13 millions des Congolais souffrent de famine extrême alors que le pays a de quoi nourrir l'Afrique entière. Le Programme alimentaire mondial (PAM), en publiant le jeudi 30 mai dernier son rapport sur la faim, indexe directement les dirigeants Congolais sur leur responsabilité minimale : assurer les besoins primaires à leur population. Ce sont les nombreux conflits qui secouent le pays depuis plus de deux décennies et qui ont connu une intensification depuis 2016, notamment dans l’Est et le Sud-Est, qui ont provoqué un déplacement dramatique de populations rurales qui vivent de l'agriculture. Plus précisément, l'organisation constate qu'environ 13 millions de Congolais vivent dans une insécurité alimentaire extrême, dont 5 millions d’enfants. Pire,  les évaluations en cours montrent que la tendance à l’aggravation de l'insécurité alimentaire se poursuit, prévient le PAM. La pacification de l'ensemble du territoire national revient au gouvernement congolais à travers les forces armées de la défense et la Police. Au regard de cette urgence, le gouvernement Ilunga Ilunkamba est vivement souhaité pour prendre à bras le corps ce défi national.

 

  1. La relance des entreprises du portefeuille de l'État. A l'ère du slogan " le peuple d'abord", le gouvernement Ilunga Ilunkamba est attendu au tournant pour trouver des mécanismes pour mettre fin à cette crise sociale qui dure depuis deux décennies. L'ancien régime n'y a apporté aucune solution durable. En effet,  maintenir ces entreprises du portefeuille de l'État dans cette situation encore pendant ce quinquennat c'est non seulement condamner l'économie congolaise mais c'est se mettre sur le dos des dizaines des milliers de travailleurs qui n'auront que la grogne sociale pour se faire entendre. Il faut réformer ces entreprises publiques qui sont la colonne vertébrale de l'émergence de l'économie congolaise. Il est illusoire de penser mettre la RDC sur les rails de l'émergence économique sans au préalable redresser ces entreprises. Ça serait une utopie de laisser pendant les 5 prochaines années encore la Gecamines, la SNCC, la SCTP, la STCP, la RVA, l'OKIMO, la CINAT, etc., dans l'état où elles sont actuellement et prétendre relever ce pays. Le prochain gouvernement doit impérativement trouver une formule pour remettre effectivement ces entités en production efficiente. Pour autant, il faudra au minimum régler la facture sociale de ces entreprises publiques transformées en commerciales. Juste la dette sociale de ces entreprises du portefeuille de l'État est de 1,2 milliard USD. Aucun privé ne peut venir quand la dette sociale est aussi importante dans ces entreprises.

 

  1. La relance de l'agriculture. Acculé par le slogan «le peuple d'abord», le président de la République, Félix Tshisekedi, ne pourrait satisfaire cette demande de la population qu'en investissant massivement dans l'agriculture. Le secteur agricole a l'avantage non seulement de donner suffisamment à manger au peuple et de faire de la RDC une puissance agricole mais aussi de créer des millions d'emplois afin d'occuper tous ces millions de jeunes chômeurs. Le prochain gouvernement sera honnis du peuple s'il n'est en mesure d'aller dans ce sens. Il existe un Plan national d'investissement agricole (PNIA) évalué à 5,47 milliards Usd et qui court jusqu'en 2023. Le PNIA est un cadre structurant pour les investissements agricoles capables de stimuler une croissance soutenue de 6% nécessaire pour lutter contre la pauvreté, parvenir à la sécurité alimentaire et créer des millions d'emplois. Il faut financer l'agriculture pour satisfaire  la demande incessante des congolais à travers le slogan «le peuple d'abord».
  2. La lutte contre la corruption. La RDC perd annuellement au moins 15 milliards USD à la suite de la corruption. La RDC peut gagner fonc 15 milliards USD juste par la lutte contre la corruption. De la fraude minière à l'évasion fiscale en passant par les détournements des deniers publics, ces pratiques ont enrichi des individus en appauvrissant l'État et sa population. Aucun congolais ne veut qu'un tel système avilissant puisse continuer en RDC. Et donc, les Congolais soutiennent Félix Tshisekedi dans son projet de déboulonner le système hérité de l'ancien régime. Il a justement été voté pour ça. Dès lors, le gouvernement Ilunga Ilunkamba ne peut que faire de la lutte contre la corruption sa priorité pour renflouer les caisses de l'État et ainsi avoir les moyens de sa politique. Ni le FMI, ni la Banque mondiale encore moins aucun autre partenaire économique bi ou multilatéral ne peut donner à la RDC ces 15 milliards USD qu'on peut juste gagner avec la lutte contre la corruption.

 

Amédée Mwarabu

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