Dans la capitale de la RDC, la boisson à forte dose dalcool communément appelée Agene prend de plus en plus sa place. Une menace croissante et une concurrence déloyale pour les fabricants de boissons (les brasseurs, producteurs de spiritueux et autres).Vendu comme des petits pains, Agene ne semble pourtant pas réveiller l'attention des autorités politico-administratives.
Assise chaque soir devant la porte de sa maison, maman Mado se sent déjà inquiète parce quelle va dormir, la porte de sa maison ouverte malgré linsécurité persistante dans le quartier Kingasani ya Suka, dans la commune de Kimbanseke. Son fils, 40 ans révolus, la contraint à ne pas fermer la porte chaque soir, même si son retour intervient toujours tardivement, environ à minuit.
A son arrivée, Paul s'illustre par sa voix rauque. Il crie, pousse brutalement la porte de la maison, se rend à la cuisine pour chercher à manger et n'hésite pas, de temps à autres, à hausser la voix pour réveiller sa mère.
« Maman, je ne suis pas ivre. Mais jai simplement pris un peu de Guégué ou si vous voulez Agene pour bien dormir », raconte-t-il.
Depuis quil a commencé à prendre cette boisson indigène à forte dose dalcool appelée communément Soupou na tolo, Agene ou encore Guégué, Paul a complètement changé. Chaque soir il se retrouve dans les bistrots pour partager un petit verre avec ses amis. Actuellement cette boisson se vend presque partout.
Dans des installations des fortunes appelées Nganda, jeunes et vieux se bousculent pour avoir soit une bouteille ou une mesure de cette célèbre boisson dont le coût minimum varie entre 300 et 500 FC. Selon les témoignages recueillis par ACTUALITE.CD, certains bistrots ne vendent que cette boisson. Dans dautres bars par contre où lon vend régulièrement de la bière ou la boisson sucrée, Agene prend de plus en plus de place. Et tout se fait dans la discrétion, comme laffirme lun des consommateurs qui a requis lanonymat.
« Moi et mes amis, nous avons lhabitude de consommer Agene chaque jour. Mais quand nous sommes dans un bistrot, nous achetons une bouteille de bière et nous commandons au même moment Agene pour faire un cocktail. Certaines personnes croient que nous prenons uniquement de la bière pourtant nous faisons un mélange ».
La vente de cette boisson à forte dose dalcool, bien que interdite, se popularise. Les consommateurs ne sont plus inquiétés depuis plusieurs années et dans presque chaque coin de la capitale, et difficile de parcourir plus de 500 mètres sans sentir lodeur de ce produit à effet hallucinogène. Certains militaires et policiers se livrent également à la vente de ces produits. Restaurant de fortune, bar, bistrot, et même dans les boîtes de nuit et les salles des fêtes, cette boisson na presque plus de frontière.
Toujours selon les différents témoignages, Agene vendue à Kinshasa provient en grande partie de la ville de Kikwit, dans la province du Kwilu et de lancienne grande province de lÉquateur.
Au port de Maluku ou encore à Kinkole et même dans les différents ports privés de Kinshasa, de nombreux bidons de 25 litres débarquent au quotidien avec la complicité de certains responsables des services de lÉtat. Les militaires ou agents de lordre interceptent souvent certains vendeurs mais ils finissent eux-mêmes par vendre les marchandises saisies.
La vente des boissons alcoolisées à forte dose est interdite en RDC et principalement à Kinshasa. Mais jusque-là, aucune autorité na réagi face à ce fléau.
WillY Akonda Lomanga/ Desk eco.