Le président de la République, Félix Tshisekedi, a nommé des nouveaux dirigeants au Comité de gestion et au Conseil d'administration de la Gécamines. Bien que les ordonnances présidentielles souffrent encore de leur application du fait que la ministre du Portefeuille gèle encore les notifications des personnes nommées, Félix Tshisekedi, lors de sa dernière conférence de presse avec des médias locaux à Bunia le 2 juillet, a rassuré que ces textes seront appliqués.
Toutefois, en nommant des nouveaux gestionnaires à la Gécamines, le chef de lEtat veut maîtriser tous les rouages de la gouvernance minière en République démocratique du Congo. En effet, la Gécamines est au cur de l'exploitation minière en RDC du fait que c'est elle qui a cédé une partie de ses concessions à toutes les entreprises minières qui opèrent notamment dans l'ancien Katanga.
Dès lors, contrôler la gestion de la Gécamines permettrait non seulement d'accroître les revenus publics issus des mines mais surtout isolerait tous les mafieux congolais et étrangers qui ont profité du bradage des gisements riches de la Gécamines.
Dans sa détermination à lutter contre la corruption, le président de la République ne peut pas ne pas exiger dans l'urgence un audit de la Gécamines afin de tirer au clair la situation de l'entreprise qui toujours dans l'opacité. C'est d'ailleurs une demande des ONG.
Selon les ONG du secteur extractif, les états financiers de la Générale des Carrières et des Mines restent un mystère. Dans une déclaration faite en juin, la COGEC (Coalition pour la gouvernance des entreprises publiques du secteur extractif), une ONG opérant à Kolwezi dans la province de Lualaba, a appelé la Gécamines à apporter des réponses à un certain nombre de doutes qui planent sur sa gestion.
"Nous encourageons la Gécamines non seulement à publier lensemble de ses contrats mais aussi ses états financiers conformément à ses engagements. Cette publication permettra de lever le doute sur un certain nombre des incohérences entre le rapport de la Gécamines et ses déclarations à lITIE, écrit la COGEP dans sa déclaration.
Cette ONG signalait dans cette déclaration des incohérences sur trois points principalement : 1. La Gécamines affirme avoir versé 372 millions USD au Trésor public entre 2009 et 2014 alors que dans ses déclarations à lITIE, elle fait mention dun versement de 109 millions USD au cours de la même période. Comment expliquer une telle différence ?; 2. Concernant la vente de scorie, la Gécamines affirme avoir reçu 31,6 millions USD en 2014 alors quelle na déclaré que 16 millions USD à lITIE ;3. Des zones dombres demeurent aussi sur le cas de lentreprise Metalkol où il existe un écart de 18 millions USD non déclarés à lITIE.
Dans la même déclaration, la COGEP a interpellé aussi la Gécamines sur les conditions de ses travailleurs tout en constatant que depuis 2013 des élections syndicales nont pas eu lieu en violation de la législation nationale.
Tous ces éléments et bien dautres laissent planer un doute sur la gestion de la Gécamines, conclut la COGEP en demandant aux autorités de la République dinitier un audit au sein de la Gécamines pour permettre une transparence totale.
Dans ses préconclusions à l'issue de la mission effectuée du 22 mai au 5 juin 2019 en RDC au titre des Consultations de l'article 4 des statuts du FMI, les experts de cette institution de Bretton Woods ont recommandé à la RDC une une gestion rationnelle des revenus issus de l'exploitation des ressources minières notamment.
Rappelons que le FMI a suspendu en décembre 2012 sa coopération avec la RDC à suite de l'opacité dans la gestion des revenus de la Gécamines notamment dans le contrat Gécamines-Comide.
Amédée Mwarabu