Fin officielle de l'USAID : Marco Rubio annonce une nouvelle stratégie d'aide étrangère américaine centrée sur les intérêts « stratégiques » des États-Unis d'Amérique

Marco Rubio, secrétaire d'Etat américain
Marco Rubio, secrétaire d'Etat américain
PAR Deskeco - 02 juil 2025 17:03, Dans Actualités

Une page historique se tourne dans la diplomatie américaine. Le secrétaire d'État Marco Rubio a annoncé ce mardi 1er juillet 2025 à Washington la fin officielle des activités de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), institution emblématique de l'aide humanitaire et au développement depuis sa création en 1961. À compter de cette date, l'USAID cesse définitivement ses opérations, marquant selon Rubio le début d'une nouvelle assistance étrangère recentrée sur les intérêts stratégiques des États-Unis.

Le secrétaire d'État américain a justifié cette décision radicale par un constat d'échec. 

« L'USAID n'a pas atteint ses objectifs depuis la fin de la Guerre froide, malgré un budget colossal de 715 milliards de dollars ajustés à l'inflation », a-t-il déclaré, dénonçant des décennies de dépenses « inefficaces » ayant surtout contribué à alimenter un « complexe industriel d'ONG mondial » avec peu de résultats tangibles.

Le chef de la diplomatie américaine a cité plusieurs exemples pour étayer ses critiques. Entre 1991 et 2024, les 165 milliards de dollars versés à l'Afrique subsaharienne n'ont conduit qu'à 29 % de votes alignés avec les positions américaines à l'ONU. Dans le monde arabe, les 89 milliards injectés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord n'ont pas amélioré l'image des États-Unis, tandis que les 9,3 milliards destinés à la Cisjordanie et à Gaza ont, selon lui, indirectement profité à des entités proches du Hamas.

Désormais, l'aide américaine sera directement pilotée par le Département d'État, avec un recentrage radical sur l'efficacité, la redevabilité et les priorités stratégiques. Le soutien américain à l'étranger reposera dorénavant sur le commerce, l'investissement privé et des partenariats dits « gagnant-gagnant ».

Fini l'aide humanitaire « anonyme » : les emblèmes américains remplaceront les logos d'ONG sur les colis d'assistance. « Les peuples ne veulent plus du poisson, ils veulent apprendre à pêcher », a insisté Rubio, soulignant l'aspiration croissante des pays bénéficiaires à une autonomie économique via des investissements productifs.

Cette refonte s'inscrit dans une logique géopolitique plus large. Washington entend renforcer sa compétitivité face à l'influence grandissante de la Chine, accusée par Rubio de « pratiques prédatrices » sous couvert d'aide au développement. Les fonds autrefois fragmentés seront consolidés, les diplomates sur le terrain dotés de pouvoirs élargis, et les critères de performance entièrement revus.

Le mot d'ordre est clair : efficacité, visibilité et intérêts américains. « Cette réforme n'est pas un retrait du monde, c'est une réinvention de notre présence internationale », a conclu Rubio. L'assistance étrangère des États-Unis sera désormais « temporaire, ciblée et conditionnée à la volonté des pays bénéficiaires de prendre leur destin en main ».

Jean-Baptiste Leni

Articles similaires