Nouvelle ordonnance-loi régissant le secteur de l’électricité en RDC : le réseau Mwangaza et ACERD prélevent de graves lacunes et dénoncent le manque de concertation lors de sa procédure

Des lignes Haute Tension. Photo d'illustration
Des lignes Haute Tension. Photo d'illustration
PAR Deskeco - 28 fév 2025 19:42, Dans Développement durable

Le réseau Mwangaza, en collaboration avec l’Association congolaise pour les énergies renouvelables et décentralisées (ACERD), a organisé, ce vendredi 28 février 2025, un atelier visant à réunir les différentes parties prenantes, afin de rassembler leurs préoccupations par rapport à la nouvelle ordonnance-loi promulguée le 5 février 2024 pour son amélioration.

Dans leur démarche, ces deux structures déplorent l’absence de consultation préalable des parties prenantes. Pour rappel, en novembre 2024, le ministre des Ressources hydrauliques et de l’électricité a entamé une procédure pour la modification de la loi relative au secteur de l’électricité de 2014. Après plus de dix ans, le ministre a donc estimé indispensable de saisir le parlement en vue de la révision de certaines de ses dispositions légales pour améliorer l’accès à l’électricité en République démocratique du Congo.

Pour le réseau Mwangaza et ACERD, cette volonté exprimée en vue d’assainir le secteur de l’électricité est salutaire pour un pays qui n’a qu’un taux d’électricité évalué à 9 %. Par contre, ces structures déplorent le non-respect de la procédure de promulgation de cette loi et le manque d’un cadre de concertation des différentes parties prenantes.

« La loi relative au secteur de l’électricité avait besoin justement d’améliorations, elle devait être réadaptée aux contraintes, car dix ans après, il y a quand même de l’expérience que le secteur a connue à partir de la libéralisation. Il y avait beaucoup de faiblesses identifiées, qui ne permettaient pas la mise en œuvre de cette loi. L’objectif de cette nouvelle loi était de pousser à l’amélioration de l’accès à l’électricité », a reconnu Emmanuel Musuyu, coordonnateur du réseau.

À lui de poursuivre :

« En décembre, une loi a été déposée au parlement, une discussion a eu lieu, et à l’issue de ces discussions, le parlement avait renvoyé le débat autour de cette loi pour cette année, à la session de mars. Mais malheureusement, malgré le fait que le parlement n’ait pas adopté la loi et l’ait renvoyée, les choses se sont déroulées très vite, jusqu’à ce que le 5 février 2025, elle ait été promulguée ; personne n’a compris ce qui s’est passé », a-t-il fait savoir.

Le réseau renseigne que cette procédure a été accélérée, foulant au pied la procédure normale et sans cadre de concertation, en raison d’une coopération que le ministre avait avec l’Union européenne, qui souhaitait l’intégration de dispositions légales relatives aux énergies renouvelables dans la loi régissant le secteur de l’électricité en République démocratique du Congo.

« On a découvert que le processus mis en place par le ministre était motivé par une démarche que l’Union européenne avait lancée entre 2020 et 2021. L’UE avait rassemblé un certain nombre d’acteurs pour réfléchir sur comment améliorer cette loi. Les conclusions de ces assises, qui n’étaient pas aussi participatives que nous le souhaitions, ont amené à la proposition de quelques textes, entre autres le texte sur la modification de la loi de 2014 et le décret-loi, notamment sur les énergies renouvelables, et d’autres projets d’arrêtés qui devraient apporter des précisions sur des questions techniques », déclare le coordonnateur du réseau.

Plusieurs lacunes ont été évoquées au cours de cet atelier, dont la question de la « fiscalité asphyxiante », qui existait dans l’ancienne loi de 2014, mais qui continue de demeurer, la création de services parallèles alourdissant les tractations dans le marché de l’énergie avec le secteur privé, et la légalisation de 10 % de droits d’électrification que le secteur privé doit à la communauté locale, malgré un cadre légal réglant le problème.

Les différentes parties prenantes à cet atelier ont proposé que le parlement soit saisi à sa session de mars 2025 sur cette nouvelle ordonnance-loi, suite à ces préoccupations évoquées, entravant le secteur de l’électricité. Le souci, selon elles, est que la nouvelle loi puisse inclure les réelles demandes et respecter la procédure normale.

Jean-Baptiste Leni

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