Prenant part ce mercredi 5 février 2025 à la réunion extraordinaire de l'assemblée parlementaire Afrique-Union européenne à Bruxelles, en Belgique, la ministre des affaires étrangères congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, a dénoncé l'indifférence des instances tant africaines qu’européennes, face à la situation sécuritaire détériorée par les rebelles du M23, soutenus par Paul Kagame, président du Rwanda, pour mieux piller les ressources minières en République démocratique du Congo.
Dans son intervention, Thérèse Kayikwamba déplore que la RDC soit isolée dans cette guerre, sans aucune sanction à l'égard du Rwanda, qui soutient cette rébellion au Nord-Kivu, pour ses faits de pillages de ressources naturelles.
« La ville de Goma demeure sous occupation illégale des forces rwandaises et Kigali n’a toujours pas été sanctionnée par ses alliés les plus puissants dont l’Union Européenne. Cela prouve que notre souffrance n’a ni ému les cœurs ni éveillé les consciences des décideurs », a déclaré-t-elle déclaré.
Elle a, par ailleurs, indiqué que la République démocratique du Congo, ainsi que le monde savent déjà que, bien qu'au-delà de cette guerre d'occupation des territoires, il y a une autre raison, celle de piller les ressources naturelles du pays.
Rappelant les effets collatéraux de la progression de ce mouvement rebelle au Nord-Kivu et au Sud-Kivu depuis la semaine passée, Thérèse Kayikwamba Wagner a, tout de même, exprimé son inquiétude face à des destructions qui risquent d'avoir des conséquences graves sur la vie de la population locale.
« Cette offensive n’a pas seulement visé à prendre le contrôle de la ville, mais également elle a systématiquement détruit les infrastructures vitales plongeant la ville dans un black-out total. L’eau et l’électricité ont été délibérément ciblées, les routes principales coupées et même l’espace aérien verrouillé. Plus aucun convoi humanitaire, aucune évacuation médicale, aucun personnel d’urgence ne peut entrer ou sortir autrement qu’en passant par le Rwanda », décrit Thérèse Kayikwamba Wagner.
Elle a rappelé que la crise à Goma et ses environs, a coûté la vie à plusieurs civiles dans la région, suite aux affrontements entre M23 et les forces armées de la République démocratique du Congo.
« Pendant ce temps, chaque jour révèle de nouvelles horreurs. Il y a une semaine on annonçait 300 morts, puis 700, aujourd’hui nous dépassons les 3 000. Cette horreur chaque jour plus insoutenable rompt le silence du monde qui regarde encore plus assourdissant à nos oreilles, un silence à peine troublé par une déclaration grotesque du M23 annonçant un cessez-le-feu humanitaire, faut-il en rire ou en pleurer ? comment peut-on évoquer l’humanité avec des mains encore trempées de sang des innocents, comment prétendre à la paix après avoir méthodiquement semé la terreur », s’interroge-t-elle interrogé.
Il convient de rappeler que selon un rapport du groupe d’experts des Nations Unies publié fin décembre 2024, les activités d’exploitation illicite des minerais dans la cité minière de Rubaya, dans le territoire de Masisi, par le M23 et l’armée rwandaise depuis avril 2024, ont facilité l’extraction frauduleuse, le commerce et l’exportation vers le Rwanda des minéraux de cette entité, qui ont donc bénéficié à la fois à la coalition AFC-M23 et à l’économie rwandaise.
Selon ces experts, au moins 150 tonnes de coltan sont frauduleusement exportées par mois vers le Rwanda depuis les mines de Rubaya, où l’AFC-M23 a établi une administration parallèle, où ils prélèvent illégalement par mois 800 000 dollars comme taxes, selon le même rapport.
Jean-Baptiste Leni
