Dans un briefing de presse ce lundi 30 décembre 2024, Julien Paluku, ministre congolais du commerce extérieur, a indiqué que la décision de l'Union européenne (UE) d'interdire le cacao et le café de la RDC sur le marché européen à partir de décembre 2025, sous prétexte que ces produits seraient issus de la déforestation est un alibi.
Pour Julien Paluku, l'argument de l'UE ne tient pas debout dans la mesure où la RDC dispose de plusieurs terres arables et des couverts forestiers à grande échelle, et qu'elle ne peut pas toucher à la forêt tant que les terres arables restent non exploitées.
“Nous avons 80 millions ha des terres arables, qui n'ont rien à avoir avec les couverts forestiers du pays , qui est de 155,5 millions ha, dont 60 ℅ sont des forêts tropicales humides, parmi lesquelles 105 km2 de tourbières, des mangroves et des forêts Miombo. Nous avons le droit de rentabiliser nos terres avec des cultures pérennes à l'agroforesterie notamment le café et le cacao. Tous les moteurs de déforestation réunis, la rdc n'enregistre que 0.03 ℅ de déforestation par an. Est-ce que si dans 100 ans, nous faisons la déforestation de 5 ha, cela veut-il dire que nous faisons la déforestation de nos forêts ?” Est-ce que le rdc fait de la déforestation pour qu'elle soit victime de ce règlement européen ? S'est interrogé Julien Paluku.
Par conséquent, Julien Paluku explique que cette mesure résulte des contrôles de conformité des produits cités sont ménés par l'UE à travers ses auditeurs qui viennent souvent des pays africains dont certains limitrophes à la RDC, et que leur dernier passage au pays n'a causé aucun problème.
“Curieusement, les auditeurs de l'UE sont basés au Kenya, en Ouganda et au Rwanda. Ce sont eux qui viennent auditer des champs de cacao et de café en RDC. Le dernier passage de ces auditeurs a été signalé au mois de juin et juillet derniers , et la certification des nos champs de cacao et de café a été faite en août 2024”, note le ministre Paluku.
Cette précision du ministre fait suite à l'inquiétude des opérateurs économiques de Beni, dans la province du Nord-Kivu, qui se disaient “surpris” par le retrait de leurs produits, dont le cacao et le café, de la certification “Fairtrade » et « Bio ». Ces certifications sont souvent délivrées par des organismes de certification afin d’autoriser le cacao et le café produits de la RDC sur le marché européen, les organismes dont Julien Paluku assure qu'ils étaient bel et bien au pays les mois derniers.
La FEC de Beni estimait que cette exclusion du café et du cacao congolais sur le marché européen serait un pas en arrière et un sabotage des efforts de la RDC pour rétablir ces produits sur le marché international.
De leur côté, ces organismes délivrant les certifications sur ces produits agricoles ont justifié ce retrait de certification du cacao et du café congolais par le refus de l'Union européenne d'agréer leur demande de conformité, en raison de la difficulté de déployer des enquêteurs sur le terrain à cause de l'insécurité.
Bruno Nsaka