L'Assemblée nationale de la RDC a décidé de renvoyer à plus tard l'examen de la motion de défiance contre Alexis Gisaro, ministre des Infrastructures et Travaux publics (ITP). Cette décision, motivée par le fait que les délais de dépôt des correspondances aux parties concernées n’ont pas été respectés, suscite des interrogations sur la transparence des procédures parlementaires.
Contacté ce mardi par ACTUALITE.CD, Valéry Madianga, coordonnateur national du Centre des recherches en finances publiques et développement local (Crefdl), y voit des manœuvres dilatoires visant à protéger le ministre. Selon lui, ces manœuvres émanent d’une solidarité politique.
« C'est tout à fait regrettable de constater les manœuvres dilatoires qui se passent autour de cette affaire » a-t-il déclaré. D’après lui, le bureau de l'Assemblée nationale semble opposé à la démarche des députés qui souhaitent tenir le ministre responsable de la gestion des infrastructures.
Il ne cache pas son inquiétude face aux pressions exercées sur les députés et des probables cas de corruption.
« Les députés sont convoqués et intimidés par les responsables de leurs partis politiques. Il y a aussi des dessous de table, c’est-à-dire de l’argent qui circule et des promesses pour que certains retirent leurs signatures. C’est une stratégie de solidarité de la mauvaise gouvernance pour que tous soient ensemble, corrompus ensemble, une méthode qui continuera à faire souffrir la population. Sans mesures de redevabilité, l’Assemblée nationale risque également de perdre sa crédibilité. C’est dommage », regrette-t-il.
Valéry Madianga redoute qu'une future plénière à ce sujet ne soit qu'une « mascarade » visant à entériner un scénario déjà décidé par avance.
Quoi qu’il en soit, Valéry Madianga et sa structure se disent déterminés à poursuivre leur combat contre la corruption.
"Nous n’allons pas baisser les bras, nous allons continuer à faire en sorte que les choses avancent. Nous allons poursuivre notre monitoring, et pour l’instant, notre recommandation est que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale doit être respecté. Nous devons éviter la campagne d’intoxication et les menaces contre les députés signataires, et les laisser continuer à faire leur travail", a-t-il précisé.
Les députés nationaux du Mouvement de la Libération du Congo (MLC) ont annoncé lundi le retrait de leurs signatures de la motion de défiance initiée contre Alexis Gisaro, ministre congolais des Infrastructures et Travaux publics (ITP), lors de la plénière du vendredi 22 novembre dernier.
Les signataires de la motion de défiance reprochent à Alexis Gisaro, entre autres, la qualité très faible des travaux d’infrastructures à travers le pays.
Dans un rapport rendu public le 8 novembre dernier, le Centre des recherches en finances publiques et développement local (CREFDL) avait pointé du doigt les projets « Tshilejelu » et « Kinshasa zéro trou », dont l’exécution a permis la disparition de plusieurs millions de dollars pour un travail de très faible qualité.
Bruno Nsaka