Kinshasa : interdiction d’usage des emballages en plastique, Gentiny Ngobila déclare la guerre à la communauté indienne

Gentiny Ngobila, gouverneur de la ville de Kinshasa. Ph. Droits tiers.
PAR Deskeco - 30 jan 2021 09:19, Dans Actualités

Après la récente note circulaire du gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, interdisant la production, la commercialisation, l’importation et l'utilisation des emballages en plastique sur toute l'étendue de la capitale congolaise, tout un questionnement se dégage notamment sur l’application de cette décision.

Qu’est-ce qui va changer avec la nouvelle décision de Gentiny Ngobila ? Quels sont les moyens mis en marche pour faire appliquer cette décision ? Qui seront mis en contribution pour faire appliquer ladite décision ? Le gouvernement provincial connait-il réellement le nombre d’usines qui fabriquent les emballages en plastique à Kinshasa ? Est-ce possible de procéder à la fermeture de toutes ces usines de fabrication d’emballages en plastique et de freiner l’élan d’importation de cette matière ? Existe-t-il une notice à l'intention des touristes, spécifiant qu'ils devront "se débarrasser de" leurs sacs en plastique avant d'entrer dans le pays ? Toute personne accusée de produire ou importer des sacs ou des emballages en plastique encourt-elle une amende ou une peine de prison ? 

Les faits rappellent que de telles mesures ont déjà été prises dans le passé mais n’ont jamais produit des effets escomptés. On se rappelle encore du décret n°17/018 du 30 décembre 2017 ainsi que de l'Edit n°003/2013 du 09 septembre 2013 relatif à l'assainissement et la protection de l'environnement de la ville de Kinshasa, non-appliqués jusque-là.

Ph. Droits tiers.

Pour réussir à sa mission, celle de faire disparaitre les emballages en plastique dans la ville de Kinshasa, le gouverneur Gentiny Ngobila doit peser de tout son poids pour faire sceller les usines de fabrication de ces emballages détenues majoritairement par la communauté indienne vivant en RDC. L’autorité urbaine de Kinshasa est aussi appelée à faire intervenir la police afin que soient traqués tous les hors-la-loi.

Les usines de fabrication des emballages en plastique, une mine d’or pour la communauté indienne 

Dans le monde, plus de 127 pays ont une législation régissant d'une manière ou d'une autre l'usage des sacs en plastique, selon le PNUE. Parmi eux, 91 pays, dont 34 en Afrique et 29 en Europe, en interdisent ou limitent la production, l'importation ou la distribution commerciale afin de protéger l’environnement.

A Kinshasa, en dépit de mesures d’interdiction, le gouvernement laisse les fabricants et les vendeurs des sachets en plastique fonctionner librement. Ce qui fait que sur terrain, la demande est tournée beaucoup plus sur les sachets en plastique que sur les biodégradables parce que les premiers coûtent moins cher et s’offrent gratuitement dans des boutiques. Certains importateurs des sachets en plastique prennent le soin d’user de quelques pots de vin pour faire accéder leurs produits.

La plupart de ces usines sont détenues par des Indiens habitant Kinshasa, qui gagnent des millions USD dans un commerce devenu illicite selon la loi congolaise.   

Un congolais propriétaire de l’usine de fabrication des emballages biodégrables victime du complot indien

« VNE GENERAL MARCHANDISES RDC », la seule usine de fabrication des emballages biodégradables dans la ville de Kinshasa appartenant à un congolais, a fermé ses portes suite au manque des marchés car la demande est très faible, vu que le sachet en plastique est encore en vigueur. 

Cette entreprise congolaise est aussi victime du complot indien. 

« Les indiens sont trop puissants. Ils bloquent tous les commerçants congolais qui font face à eux. Ce sont des machines à détruire les congolais sans pitié. Ils ont écrasé mon usine comme un cafard. Je me retrouve aujourd’hui, ruiné à cause de mon usine et à cause de la mauvaise politique de mon pays qui accorde le privilège aux indiens », explique le propriétaire de cette usine.

Et d’ajouter : 

« J’étais le premier congolais à investir dans le secteur des emballages biodégrables au départ lorsque le gouvernement avait interdit les emballages en plastique. Malheureusement, les indiens ont donné l’ordre à tous leurs amis de ne pas acheter chez moi. Or, ils sont les détenteurs de tous les supermarchés de la capitale, les seuls endroits qui utilisent les biodégrables. Ils se soutiennent entre eux. J’ai perdu mon argent investi dans ce secteur à cause de ma nationalité congolaise ».

Après la fermeture de cette usine, faute des moyens, son responsable dit avoir pris le soin d’écrire au gouverneur de la ville de Kinshasa, aux ministres de l’Economie, de l’Industrie, des PME ainsi qu’à l’ANAPI et au FPI, mais toutes ses missives n’ont apporté aucun écho favorable.

« Nous avons écrit au gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila pour l’expliquer notre intention de vouloir fermer, jusque-là nos courriers ont demeuré lettre morte. On ne peut pas imaginer que la seule usine de fabrication des emballages biodégradables appartenant à un fils du pays, dans une ville où les sachets en plastique constituent l’élément majeur des immondices qu’on retrouve çà et là, compte fermer ses portes sans inquiéter le gouverneur. L’opération Kin Bopeto ne peut jamais marcher sans nous. Au Rwanda, il n’y a pas des sachets en plastique. C’est ce qui fait que leur pays soit propre ».

Ph. Droits tiers.

Les sachets en plastique, étant non biodégrables, détruisent la nappe phréatique et résistent dans le sol durant des siècles. 

Jordan MAYENIKINI

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