RDC : la Banque centrale accuse les opérateurs de téléphonie mobile de « manipuler » le taux de change

téléphonie mobile
PAR Deskeco - 30 juil 2020 10:06, Dans Finances

Les sociétés de téléphonie mobile ne sont pas autorisées à manipuler le taux de change à travers leurs services de mobile money. Pour la Banque centrale du Congo, ce jeu de manipulation du taux de change par les 4 opérateurs de téléphonie cellulaire contribue à la spéculation sur le marché.

Le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déogratias Mutombo, a promis, au cours de la conférence de presse tenue le mercredi 29 juillet à l’issue de la réunion extraordinaire du Comité de politique monétaire, de sanctionner les sociétés de téléphonie mobile qui vont continuer avec « la manipulation » du taux de change via leurs services de mobile money.

Selon le patron de l’Institut d’émission, ces sociétés n’ont pas le droit de fixer à leur guise le taux de change tout en ignorant l’autorité de régulation du secteur financier qu’est la Banque centrale.

« Il faut aussi que certains opérateurs économiques, autres que les miniers, respectent aussi la règlementation des changes. Il faut qu’ils respectent aussi l’autorité de la règlementation du marché de change qu’est la banque centrale. Il y a même un certain mépris pour la Banque centrale. Ce n’est pas normal. C’est un mauvais service qu’on rend à la nation. Ici j’adresse un message aux opérateurs de télécommunication qui s’adonnent à la manipulation du taux de change. Ces entreprises affichent de taux de 2300 FC le dollar américain pour vendre leur service. Ce jeu spéculatif peut être suivi par d’autres personnes. La banque centrale est en train de leur adresser des lettres pour leur dire d’arrêter avec ce jeu de manipulation de taux de change. La Banque centrale se réserve le droit dorénavant de sanctionner toute personne qui s’adonne à la manipulation du taux de change. Pour ces sociétés de télécoms, la pénalité c’est 5% du chiffres d’affaires réalisé l’année précédente », a dit Déogratias Mutombo alors qu’il annonçait les mesures susceptibles de contribuer à la stabilité du franc Congolais sur le marché.

La monnaie nationale a perdu 15% de sa valeur depuis le début de l’année. Cette dépréciation du Franc Congolais est consécutive principalement à l’expansion monétaire observée pendant les cinq premiers mois de l’année à la suite du financement du déficit budgétaire par les émissions monétaires. Cette pratique a occasionné une forte circulation de la monnaie sur le marché, ce qui a provoqué la dépréciation du Franc Congolais. Tout aussi, selon les analyses de la BCC, la baisse des exportations due aux effets de la pandémie pendant cette période est à la base de la rareté des devises en l’occurrence le dollar.

C’est ainsi que parmi les mesures proposées par la Banque centrale pour stabiliser le Franc Congolais, il y a aussi la nécessité du respect de la règlementation du Code minier qui exige aux sociétés minières de rapatrier 60% des revenus de leurs exportation.

« Vous savez qu’aujourd’hui, les miniers ont produit même un peu plus que l’année dernière en ce qui concerne le cuivre et le cobalt. Et les cours du cuivre ont même dépassé ceux de l’année passée. Nous sommes à plus ou moins 6400 USD la tonne. Il faut que le rapatriement de 60% soit conforme à la règlementation », a dit Déogratias Mutombo.

L’autre mesure proposée par l’Institut d’émission, en tant que conseiller économique et financier du gouvernement, c’est notamment l’ajustement budgétaire.  De l’avis de Déogratias Mutombo, l’Exécutif national devrait suspendre tous les paiements non prioritaires de l’Etat jusqu’à la résorption du déficit. "C’est ce qu’on a fait en 2017. Si on n’est pas en mesure de le faire, on peut suspendre à des intervalles bien précis certains paiements...Il faut à tout prix arrêter avec les déficits supplémentaires. Par contre, il faut dégager des marges budgétaires. Il faut améliorer la qualité de la dépense. Pas de dépenses inutiles, aujourd’hui on ne peut pas se le permettre », a-t-il insisté. 

Tout aussi, la BCC estime que l’amélioration de la mobilisation des recettes est un facteur important pour doter le gouvernement des moyens de sa politique et éviter les déficits budgétaires. Ces derniers déséquilibrent le cadre macroéconomique notamment le taux de change si le déficit est financé par les avances monétaires ou la planche à billets.

Amédée Mwarabu

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