L’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales (IRI) qui est en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), est une alliance internationale et multiconfessionnelle qui vise à faire prévaloir l’urgence morale et les valeurs religieuses dans le cadre de la lutte contre la déforestation tropicale. Elle a une triple missions. D'abord de sensibiliser le public à la crise de la déforestation tropicale et doter les chefs religieux des connaissances scientifiques, des informations et des outils nécessaires pour défendre efficacement la protection de la forêt tropicale.
Ensuite de mobiliser l’action confessionnelle en mettant en relation les chefs religieux avec des alliés de tous les secteurs afin de multiplier leur impact collectif. Et enfin d’influencer la politique en plaidant en faveur de politiques qui protègent les forêts en encourageant les gouvernements et les entreprises à adopter, respecter et développer leurs engagements à protéger les forêts tropicales et les droits des peuples autochtones.
En effet, le travail de l’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales qui est désormais développée en Rdc, bénéficie du soutien d’un partenariat mondial qui comprend le PNUE, Religions pour la Paix International, le Conseil œcuménique des Eglises, le Parlement des Religions du monde, GreenFaith, le forum de Yale sur les Religions et l’Ecologie, Rainforest Foundation Norvège et l’Initiative internationale pour les forêts et le climat de la Norvège.
Ainsi, le programme-pays de l’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales/Bassin du Congo en République démocratique du Congo (IRI-Rdc) vient d’être lancé, le jeudi 05 décembre courant au Centre interdiocésain de Kinshasa, date à laquelle l’humanité célébrait la Journée internationale de l’arbre, édition 2019. Ce lancement a été porté par la Conférence nationale épiscopale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC), avec le soutien du Conseil national des religions pour la paix (CNRP) et le Réseau des populations autochtones et locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers (REPALEF).
Ce lancement du programme-pays IRI-Rdc a également marqué la fin d’un atelier de formation et d’échanges d’expériences sur la problématique de la déforestation tropicale qui a réuni pendant trois jours à Kinshasa, des confessions religieuses, des peuples autochtones et des organisations de la Société civile.
Ces assises avaient pour objectif de développer les capacités des leaders religieux et d’autres parties prenantes, pour la mise en place d’un dispositif de lutte contre la déforestation tropicale sur fond d’éthiques et prescrits divins. Elles ont été officiellement lancées par le ministre national de l’Environnement et Développement durable, Me Claude Nyamugabo Bazibuhe.
Des engagements de l’IRI-Rdc
A l’issue de ces trois jours d’atelier, les participants ont fait une déclaration. Dans laquelle ils ont présenté, en plus d’un préambule, leurs constats et préoccupations ainsi que leurs engagements. Conscients de leur responsabilité collective, ils ont juré à converger leurs spiritualités et leurs cultures pour relever ensemble le défi de mettre un terme à la déforestation en Rdc, et assurer l’émergence d'un développement économique durable qui mise sur et se nourrit de la préservation des forêts du pays.
Ainsi, ils ont d’abord salué la « volonté ferme » du Président de la République de faire l’environnement une préoccupation omniprésente et transversale dans tous les programmes de développement du pays. Ils se sont engagés à œuvrer ensemble avec les gouvernants, les partenaires internationaux de la Rdc, la Société civile et le secteur privé au développement d’un Plan national ambitieux et courageux de protection des forêts et d’aménagement du territoire, qui concilie protection des forêts et développement économiquement durable.
Mais aussi à la reconnaissance et la préservation du lien étroit et spécifique entre les savoirs et pratiques traditionnels des peuples autochtones et la protection des forêts. Ils sont solidaires aux efforts visant l’adoption de la proposition de loi sur les droits des peuples autochtones à l’Assemblée nationale.
Ils s’engagent aussi à la définition d’une politique forestière et des autres politiques sectorielles fondées sur des valeurs et principes visant la protection des forêts tropicales et des tourbières, de leurs écosystèmes, de leurs fonctions climatiques, des droits des communautés locales et peuples autochtones…
Egalement, ils s’engagent pour la réalisation d’un plan d’aménagement du territoire qui garantit la protection des forêts intactes, la sécurisation des droits fonciers et forestiers des communautés locales et des peuples autochtones, et ce, avant toute décision d’allocation de droits sur les terres ou les forêts à des tiers, de même que l’identification des opportunités de développement économique durable.
« La Rdc doit faire des choix stratégiques, assurer une coordination intersectorielle efficace, suivant le double objectif de promouvoir un développement économique et une utilisation des terres responsable, juste et durable, tous deux fondés sur la protection des écosystèmes forestiers », ont déclaré les confessions religieuses, les peuples autochtones et les organisations de la Société civile.
Ces engagements pris dans leur déclaration, ont-ils indiqué, seront traduits par leur Conseil consultatif national créé dans le cadre d’IRI-Rdc, dans un Programme national de l’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales de la Rdc. Au cours d’une conférence de presse, ils ont éclairé la lanterne des médias sur les enjeux de leur plateforme IRI-Rdc.
Cette dernière regroupe les communautés religieuses et les organisations confessionnelles, les chefs coutumiers, les communautés locales et les peuples autochtones, les institutions, les organisations et individus engagés dans la protection des forêts tropicales et de la vie que ces forêts génèrent et abritent.
Lepetit Baende