En raison des stocks importants toujours disponibles sur le marché, le gouvernement congolais, via l'Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS), a décidé ce week-end de prolonger la suspension des exportations de cobalt en provenance de la République Démocratique du Congo – qu’il soit issu de l'exploitation minière industrielle, semi-industrielle ou artisanale – pour une période de trois mois supplémentaires. Cette mesure pourrait inciter certains constructeurs automobiles à se tourner progressivement vers des batteries LFP (lithium fer phosphate) sans cobalt.
Un avertissement avait déjà été lancé en mai dernier, lors d'une réunion à huis clos à l'occasion du 8ᵉ Congrès annuel du Cobalt Institute à Singapour. Keny Yves, vice-président du groupe chinois CMOC, y avait demandé la levée des restrictions sur le cobalt congolais, soulignant que les stocks chinois s'épuisaient. Il avait insisté sur le fait que le Congo devait permettre aux producteurs d'exporter librement leur cobalt, tout en avertissant que ces restrictions pourraient accélérer l'adoption par les constructeurs automobiles de batteries LFP (lithium fer phosphate).
Plusieurs fabricants chinois, dont BYD, utilisent déjà ces batteries LFP, également employées dans les projets de stockage d'énergie à grande échelle. Le fabricant de batteries CATL (300750.SZ), qui détient 30 % de CMOC selon LSEG, compte parmi les principaux investisseurs du groupe.
La RDC, qui possède 70 % des réserves mondiales de cobalt, est le premier producteur mondial de ce métal essentiel à la fabrication des batteries pour véhicules électriques. Le 22 février dernier, elle avait pris une mesure temporaire suspendant les exportations pendant quatre mois afin de stabiliser les prix face à une surabondance de l'offre. Cette décision a eu un impact significatif sur le marché mondial du cobalt, entraînant une hausse de 27 % des prix en seulement une semaine. Actuellement, le cobalt s’échange à 33 630,99 dollars la tonne, contre 30 000 dollars auparavant.
César Olombo
