Selon des sources de l’agence de presse britannique Reuters, les producteurs de cobalt en République démocratique du Congo sont toujours en attente de l’approbation gouvernementale pour reprendre les exportations, quatre sources du secteur de cette agence ont témoigné que le système de quotas introduit le 16 octobre, censé relancer immédiatement les expéditions, n’a pas encore été pleinement opérationnel.
Ce nouveau régime remplace une suspension des exportations qui a duré sept mois, et a perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales et suscitant l’inquiétude des fabricants de véhicules électriques, notamment en Chine, principal consommateur mondial de cobalt. La RDC, qui produit plus de 70 % du cobalt mondial, avait gelé temporairement ses exportations pour réduire l’offre et faire monter les prix.
Selon le nouveau dispositif, les entreprises doivent demander des quotas mensuels auprès de l’ARECOMS (Autorité de régulation et de contrôle du marché des substances minérales stratégiques) et prépayer les redevances en fonction des volumes attribués et des prix en vigueur avant expédition.
Pour exporter, elles doivent également valider leurs quotas et la qualité du cobalt, obtenir des certificats de traçabilité et de conformité, et permettre à l’ARECOMS de superviser les prélèvements d’échantillons. Pour les mois d’octobre et novembre, les prépaiements sont combinés afin d’activer les quotas des deux périodes, a précisé le régulateur.
Les quotas ont déjà été attribués, et les entreprises espèrent obtenir les approbations finales d’ici la fin octobre, bien que des retards restent possibles, ont souligné les sources sous couvert d’anonymat. Le gouvernement avait auparavant assuré qu’aucun retard n’était prévu, mais ni l’ARECOMS ni le ministère des Mines n’ont répondu immédiatement aux sollicitations de Reuters.
ARECOMS a fixé les limites d’exportation à 18 125 tonnes pour le quatrième trimestre 2025 et 77 400 tonnes pour 2026. Les volumes non utilisés pourront être reportés sur 2025, mais expireront à la fin de l’année. À partir de 2026, les quotas seront réinitialisés chaque mois et ne pourront plus être reportés.
Le président Félix Tshisekedi a souligné que le gel des exportations avait contribué à une hausse de 92 % du prix du cobalt depuis mars, qualifiant le système de quotas de « véritable levier pour influencer ce marché stratégique » après des années de « stratégies prédatrices ».
Le géant minier Glencore soutient ce nouveau dispositif, tandis que CMOC s’y oppose. Les mines Tenke Fungurume et Kisanfu de CMOC ont reçu les plus grandes allocations, 6 650 tonnes pour le quatrième trimestre 2025 et 31 920 tonnes pour 2026. Les mines Kamoto Copper Company et Mutanda Mining de Glencore ont été allouées 3 925 tonnes et 18 840 tonnes respectivement. ARECOMS a conservé une allocation stratégique de 10 %.
Depuis l’annonce du gel des exportations, les prix du cobalt sur le COMEX ont bondi de 90 %, après avoir touché un creux de neuf ans à 10 $/lb en février. Ce rebond illustre l’impact direct des décisions de la RDC sur le marché mondial du cobalt, un métal clé pour les batteries des véhicules électriques.
Jean-Baptiste Leni