Lors de son intervention à la session du Global Gateway ce jeudi 9 octobre 2025, le président de la République, Félix Tshisekedi, a défendu le couloir vert Kinshasa-Kivu comme un projet emblématique d’intégration territoriale, de transition écologique et de paix durable dans la région des Grands Lacs.
Ce projet, a-t-il expliqué, incarne « la logique d’un développement à impact local et d’interconnexion stratégique ». Conçu comme un projet intégré, le couloir vert combine des infrastructures routières modernes, une connectivité numérique étendue, une électrification décentralisée et la valorisation des chaînes de valeur agricoles. L’objectif : relier des milliers de kilomètres d’axes routiers à des plateformes logistiques et à des mini-réseaux énergétiques, afin de désenclaver, numériser et bancariser des centaines de localités isolées.
« Situé au cœur de l’un des plus vastes ensembles forestiers tropicaux du monde, le couloir vert Kinshasa-Kivu fait de la protection des forêts et de la préservation de la biodiversité du bassin du Congo le fondement même de son approche », a souligné Félix Tshisekedi. Il s’agit, selon lui, d’un modèle où conservation de la nature et développement humain se renforcent mutuellement, au bénéfice des communautés locales et du climat mondial.
Déjà soutenu par l’Union européenne dans le cadre de l’initiative Global Gateway, ce projet s’impose comme un levier majeur de cohésion territoriale. Il vise à reconstruire le tissu économique et social, à ouvrir de nouveaux marchés aux producteurs ruraux, à revitaliser les économies locales et à renforcer la résilience des communautés face aux défis climatiques et sécuritaires.
Les ambitions du couloir vert sont à la mesure de ses enjeux : il devrait améliorer directement la vie de plus de 31 millions de personnes, protéger près de 108 000 km² de forêts vierges, et créer plus de 500 000 emplois, dont au moins 20 000 réservés aux jeunes hommes et femmes démobilisés des groupes armés. Une orientation inclusive qui, selon le président congolais, contribuera à consolider la paix et la stabilité dans les provinces de l’Est longtemps fragilisées par l’insécurité.
« Le couloir vert Kinshasa-Kivu illustre ce que l’Europe et l’Afrique peuvent réaliser lorsqu’elles s’écoutent et co-construisent des projets à fort impact humain et à haute valeur ajoutée locale », a conclu Félix Tshisekedi.
Le couloir vert Kinshasa-Kivu s’inscrit dans la vision globale du gouvernement congolais de reconnecter le territoire national et d’en faire un pilier du développement durable régional. Ce projet de grande envergure reliera la capitale Kinshasa aux provinces orientales (Kasaï, Maniema, Nord et Sud-Kivu), sur une distance de plus de 2 000 kilomètres, traversant des zones à fort potentiel agricole et forestier.
Au-delà de l’infrastructure physique, le couloir vert entend bâtir un écosystème intégré, où les routes, les lignes électriques, les réseaux numériques et les centres de transformation agricole fonctionneront en synergie. Cette approche vise à accélérer la modernisation rurale, à réduire les inégalités régionales et à stimuler l’entrepreneuriat local.
Sur le plan environnemental, le projet se déploie dans un espace stratégique : le bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète après l’Amazonie. En protégeant plus de 100 000 km² de forêts primaires, le couloir vert contribuera à la séquestration du carbone, à la préservation des écosystèmes et à la lutte contre la déforestation illégale.
Financé conjointement par la RDC et plusieurs partenaires internationaux, dont l’Union européenne, la Banque africaine de développement (BAD) et des investisseurs privés européens, le projet s’inscrit dans la dynamique du Global Gateway, l’initiative de l’UE visant à promouvoir des infrastructures durables et inclusives dans les pays partenaires.
Au-delà de ses dimensions économiques et environnementales, le couloir vert Kinshasa-Kivu revêt une dimension symbolique : celle d’un projet de réconciliation nationale et de cohésion territoriale. En offrant des alternatives économiques et sociales à des populations longtemps marginalisées, notamment dans l’Est du pays, il ambitionne de transformer des zones de conflit en zones d’opportunités.
Jean-Baptiste Leni