Quinze mois après son arrivée à la tête du ministère des Finances, Doudou Fwamba dresse un état des lieux « optimiste ». Face aux inquiétudes sur la situation économique, il a dressé un bilan marqué par la stabilité retrouvée du cadre macroéconomique, tout en reconnaissant que de nombreux défis demeurent pour transformer cette résilience en amélioration palpable du quotidien de la population congolaise.
« Lorsque nous sommes arrivés en juin 2024, nous avions trouvé un cadre macroéconomique instable, avec un taux de change à 2 847 FC pour un dollar et une inflation de 22 % », rappelle le ministre. À titre de comparaison, « en 2021, 20 000 FC équivalaient à 10 dollars. Mais en 2024, un travailleur payé à 200 000 FC ne pouvait plus assurer un loyer de 100 dollars, d’autant plus que le taux a augmenté ».
Cette dégradation du pouvoir d’achat a conduit le nouveau gouvernement à placer la stabilité économique et l’amélioration des conditions sociales au cœur de son action, indique-t-il.
Pour répondre à l’urgence, Doudou Fwamba fait savoir qu’il a mis en place « une politique budgétaire volontariste », inspirée de la théorie keynésienne. Celle-ci a consisté à stimuler la demande intérieure par l’accroissement des investissements publics et des allègements fiscaux.
Au second semestre 2024, les dépenses d’investissement ont ainsi été portées à 720 millions de dollars, soit le double du premier semestre. Dans le même temps, plusieurs mesures fiscales ont été introduites, notamment la réduction des droits de douane sur les produits de première nécessité, afin de soutenir le pouvoir d’achat des ménages, affirme-t-il.
« Nous avons instauré la discipline budgétaire en réduisant de 30 % les dépenses de consommation, pour renforcer les investissements dans l’intérêt du peuple », souligne Doudou Fwamba.
Concernant la stabilité de la devise locale, le ministre de Finances fait savoir que les efforts, combinés à une meilleure coordination avec la Banque centrale, ont permis de contenir le glissement de la monnaie locale. « Pour la première fois depuis près d’une décennie, soit de 2015 et 2016 lorsque les matières premières ont connu la baisse, le franc congolais s’est stabilisé autour de 2 850 FC pour un dollar pendant 15 mois consécutifs », s’est félicité le ministre.
Il reconnaît toutefois que cette stabilité a été obtenue au prix d’un déficit budgétaire plus important que prévu. Initialement convenu à 0,8 % du PIB avec le FMI, celui-ci a atteint 1,6 %, notamment en raison des dépenses sécuritaires dans l’Est du pays. « Mais nous avons financé ce déficit en émettant des obligations du Trésor, pour soutenir les secteurs de base », précise-t-il.
« Grâce à ces choix, la RDC a enregistré un taux de croissance de 6,5 % en 2024, dépassant les prévisions du FMI (6 %). Un résultat qui place l’économie congolaise parmi les plus dynamiques d’Afrique subsaharienne », ajoute-t-il.
En dépit de ces avancées, Doudou Fwamba admet toutefois que le plus grand défi reste la transformation locale.
« Ce que nous avons fait jusqu’ici est conjoncturel : il faut maintenant passer au structurel », insiste-t-il. Pour lui, la véritable résilience de l’économie passera par une transformation de l’offre intérieure : produire davantage de biens localement, réduire la dépendance aux importations et répondre à la consommation nationale.
« Notre économie est robuste, mais nous devons la rendre résiliente et inclusive. Le peuple congolais doit sentir les fruits de cette stabilité dans son quotidien », conclut-il.
Jean-Baptiste Leni