Lors de la séance plénière du mardi 4 novembre 2025 au Sénat, le sénateur Ngoyi Kasanji s’est exprimé sur les conséquences de l’appréciation récente du franc congolais. Selon lui, la mesure à l’origine de cette situation, initiée par le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), a été prise sans la concertation nécessaire entre les principales institutions économiques du pays.
S’appuyant sur les statistiques présentées par le vice-Premier ministre en charge de l’Économie nationale, l’élu estime que les effets de cette décision touchent indistinctement tous les Congolais, qu’ils raisonnent en dollars ou qu’ils soient rémunérés en monnaie locale.
Le sénateur a rappelé que la décision de la Banque centrale de ramener le taux de change à son niveau de 2021, soit 1 900 francs congolais pour un dollar, découle de l’application d’une politique de réserve obligatoire cristallisée. Si, selon les chiffres officiels, la baisse du taux de change atteint près de 30 %, la réduction des prix sur le marché n’a, elle, pas suivi la même tendance.
Ngoyi Kasanji a souligné que les prix des biens et services n’ont diminué que de 19 %, créant ainsi un déséquilibre entre la valeur de la monnaie et le coût de la vie. En d’autres termes, même si le franc s’apprécie, le pouvoir d’achat des citoyens ne s’améliore pas ; il se détériore pour beaucoup.
« Même ceux qui sont payés en monnaie locale sont affectés », a insisté le sénateur, évoquant l’exemple du carburant pour illustrer son propos. Selon lui, malgré l’appréciation du franc congolais, le prix du litre à la pompe n’a pas suivi une baisse proportionnelle.
« Le carburant que j’achetais à 200 dollars en septembre, avec la baisse du taux, aurait dû coûter bien moins cher. Mais sur le terrain, ce n’est pas le cas », a-t-il déploré, dénonçant également la pratique de certaines stations-service qui continuent d’appliquer des taux de change supérieurs à ceux fixés.
Pour Ngoyi Kasanji, cette situation révèle un manque de coordination entre les différentes autorités économiques du pays : le gouverneur de la Banque centrale, les ministres des Finances, du Budget et de l’Économie. Ce manque d’harmonisation, selon lui, se traduit par une politique monétaire appliquée de manière précipitée, sans évaluation préalable de ses impacts réels sur la population. Résultat : c’est le consommateur congolais, déjà éprouvé par la cherté de la vie, qui en paie le prix.
Le sénateur a conclu en appelant le gouvernement à une meilleure cohérence dans la gestion économique nationale.
« La baisse du taux de change n’a pas entraîné la baisse des prix sur le marché. C’est une mesure prise pratiquement à la hâte, comme s’il n’y avait pas eu de coordination. Et c’est le consommateur qui perd », a-t-il martelé, invitant les autorités à replacer le bien-être du citoyen au centre de leurs décisions économiques.
Jean-Baptiste Leni