Dans une correspondance publiée ce lundi 6 janvier 2025, annonçant son retrait du partenariat entre la société civile et l’Inspection Générale de Finances, l’Observatoire de la Dépense Publique (ODP) a exprimé ses inquiétudes face au contexte délétère entourant l’exercice du contrôle citoyen sur la gouvernance des finances publiques en République Démocratique du Congo.
Face à cette situation, l’ODP formule, dans sa correspondance, plusieurs recommandations adressées au président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi. Elle lui recommande de réhabiliter la patrouille financière de l’Inspection Générale de Finances, mise en place dans le pays, afin de renforcer le contrôle sur la gestion des finances publiques en République Démocratique du Congo. Selon l'ODP, cette patrouille constitue un mécanisme « crucial » dans la lutte contre le détournement de deniers publics.
« La patrouille financière, un mécanisme crucial de contrôle a priori, a été supprimée. Ce dispositif avait contribué à prévenir la corruption et les détournements, tout en optimisant la mobilisation des recettes publiques, passant de 4 milliards de dollars sous le régime de Joseph Kabila à 9,6 milliards en 2023 », a-t-elle déclaré.
Cette structure de contrôle citoyen appelle également le chef de l’État congolais à mettre fin au dédoublement et à la collaboration entre l’Inspection Générale de Finances et l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), afin de garantir l’autonomie de l’IGF et de préserver son image dans l’exercice de ses missions, y compris l’inspection des finances en République Démocratique du Congo.
Pour l’ODP, mettre un terme à cette collaboration entre l’IGF et l’ANR permettra à la République de préserver ses ressources, qui sont censées être utilisées pour assurer son fonctionnement.
« Mettre un terme au dédoublement de l’IGF avec l’ANR constitue un gaspillage de ressources dont ni la RDC ni notre système de contrôle national n'ont besoin », indique-t-elle.
Dans son document, l’Observatoire de la Dépense Publique souligne un climat politique, économique et social particulièrement dégradé, marqué par une insécurité généralisée et des violations des libertés d’expression. L’ODP exhorte ainsi le garant de la nation à mettre fin aux initiatives égoïstes qui risquent de compromettre la cohésion sociale et la mobilisation des recettes pour le budget 2025.
« Ces initiatives égoïstes ne favorisent ni le développement économique ni le progrès social du pays, et ne contribuent pas à l’établissement d’une gouvernance budgétaire capable de mobiliser 18 milliards de dollars en 2025, soit le double des recettes collectées en 2022 et 2023, estimées à environ 9,8 milliards », mentionne-t-elle.
Il convient de rappeler que, dans cette même correspondance, l’ODP a annoncé son retrait du partenariat liant la société civile à l’Inspection Générale de Finances. Cette structure de la société civile a justifié son retrait par l’affaiblissement et le sabotage de l’IGF par un groupe de proches du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, ainsi que par l’absence de patrouille financière, qui permet aux prédateurs de se protéger et de les encourager à se servir des fonds publics.
Jean-Baptiste Leni