Eve Bazaiba, ministre congolaise de l’Environnement et Développement durable, a, lors d'un point de presse vendredi 6 décembre dernier, souligné la nécessité pour la République démocratique du Congo de mettre en place une Autorité de régulation du marché crédit-carbone, tenant compte de son potentiel de 62 % dans le bassin du Congo, afin d’attirer plus d’investissements et de disposer d’un registre de certification du marché.
Ce registre permettra à la RDC de définir le marché, en apportant, elle-même, des données fiables sur les forêts à exploiter, au lieu de laisser cette responsabilité aux investisseurs privés, qui décident ensuite sur le marché. Elle a ainsi mis en évidence le faible rendement des ventes de crédits carbone de la RDC. En effet, sur les trois transactions réalisées, le premier marché n'a généré que 1 600 000 dollars, dont le pays n'a perçu qu'une part de 100 000 dollars en raison de l'absence d'une autorité de régulation.
Au deuxième marché, la RDC avait un investisseur privé qui a proposé un marché de 3 600 000 dollars américains. Ce marché n’avait pas atteint son terme ; il a été retiré par l’investisseur en raison du manque d’investissement de la RDC, a indiqué Eve Bazaiba.
Elle a ensuite fait savoir que le dernier marché avait produit 90 millions de dollars américains, dont la tonne a été vendue à 17 dollars. Face aux voix qui se sont levées pour dénoncer l’opacité dans ce marché, y compris celle de la direction d’assainissement, la ministre a souligné la mauvaise compréhension de la passation d’un marché crédit-carbone par l’opinion.
Elle a expliqué que, dans la passation du marché, l’investisseur doit présenter, d’une manière transparente, le fonds à investir. Dans ce fonds, 25 % sont orientés vers la communauté locale, et l’investissement s’opère sur 75 % pour faire des inventaires et procéder à la contre-vérification jusqu’à quantifier le marché. Au terme, le bénéfice est partagé en 50/50 avec l’État.
Elle a également indiqué que le marché crédit-carbone congolais est, jusqu’à présent, tenu par des privés, et elle attend une ordonnance de l’autorité, qui autorisera la nomination des autorités du marché crédit-carbone. L’objectif est de rentabiliser le marché et de parvenir à détenir le marché.
Eve Bazaiba a ensuite rappelé que c’est grâce à la tour afflux de Yangambi, dans la province de la Tshopo, que la teneur de service rendu par la forêt du bassin du Congo dépasse celle du bassin de l’Amazonie à 1,7 %, alors qu’il produit seulement 1,4 %, ce qui rend le bassin du Congo le premier poumon du monde actuellement.
Jean-Baptiste Leni