Dans une interview accordée à DESKECO à l'occasion de la clôture de la 3e édition du débat africain sur l'intelligence économique samedi dernier, Patrick Onoya, professeur à l'Université de Kinshasa et administrateur à la Congolaise des Voies Maritimes, a appelé le gouvernement de la RDC à renforcer les prérogatives du département de l'intelligence économique de l'agence nationale des renseignements (ANR), créé récemment.
Patrick Onoya estime que les pouvoirs de ce département, important pour la lutte contre le détournement et le renforcement de la gouvernance économique, pourraient être élargis, notamment au secteur de l'agriculture.
« Il va falloir qu'on puisse élargir la liste des secteurs stratégiques. Je vois, par exemple, l'agriculture qui ne fait pas partie de cette liste des secteurs stratégiques qui sont surveillés par l'agence nationale des renseignements via son département de l'intelligence économique. On doit voir dans quelle mesure on peut ajouter certains secteurs », a-t-il indiqué.
Le gouvernement de la RDC s'est engagé à éliminer la faim, à renforcer durablement la résilience des populations vulnérables, à promouvoir l'essor du secteur agroalimentaire et à en faire un véritable levier de développement.
Toutefois, il doit renforcer les investissements dans le secteur de l'agriculture. Sur ce point, l'analyse des données budgétaires révèle un écart considérable entre les ambitions affichées et la réalité des financements, selon la loi sur la reddition des comptes 2023. Le ratio des crédits prévisionnels de l'agriculture et de l'élevage par rapport au budget général s'élève à seulement 1,87 % en termes d'exécution, contre 5,41 % initialement prévu en 2023.
« La revanche du sol sur le sous-sol ne se réalisera pas avec une telle politique d'allocation des crédits », a alerté la Cour des comptes.
Si le gouvernement met un peu plus d'argent dans le secteur de l'agriculture, il doit aussi renforcer le système de gouvernance, notamment en octroyant plus de compétences au département de l'intelligence économique de l'ANR, selon Patrick Onoya.
Ce département a été créé le 12 août dernier par Félix Tshisekedi. Cette nouvelle structure a pour mission, entre autres, la recherche, l'investigation, la collecte, l'exploitation, l'interprétation et la diffusion des renseignements économiques, financiers, numériques et technologiques, tant au niveau national qu'international.
César Olombo