RD Congo - La flambée des prix des produits alimentaires : Y a-t-il une formule ? (Tribune de Dr. John M. Ulimwengu)

Des vendeuses au marché. Photo d'illustration
Des vendeuses au marché. Photo d'illustration
PAR Deskeco - 18 sep 2024 09:18, Dans Actualités

La République Démocratique du Congo (RDC) connaît une inflation persistante et significative des prix des denrées alimentaires depuis une décennie. Cette flambée des prix exerce une forte pression sur les revenus des ménages, exacerbe l'insécurité alimentaire, et menace le bien-être de millions de Congolais. Bien que le pays dispose de ressources naturelles abondantes et d'un potentiel agricole considérable, la RDC reste fortement dépendante des importations alimentaires, ce qui la rend vulnérable aux chocs externes et internes du marché. 

Cet essai examine les principales causes de l'augmentation des prix des denrées alimentaires en RDC, y compris le rôle du commerce triangulaire et de la corruption, et propose un ensemble de recommandations politiques pour traiter efficacement ces problèmes.

Comprendre le Problème de la Flambée des Prix Alimentaires en RDC

Au cours des dernières années, les prix des denrées alimentaires en RDC ont grimpé en flèche, avec des taux d'inflation pour des produits de base tels que le riz, le poisson et la volaille dépassant largement l'inflation nationale. Ces hausses de prix ont un impact disproportionné sur les segments les plus pauvres de la population, qui consacrent une grande partie de leurs revenus à l'achat de produits de première nécessité. Les principales causes de cette inflation peuvent être regroupées en trois facteurs principaux : la dépendance aux importations, les inefficacités dans la chaîne d'approvisionnement, et la corruption.

Premièrement, la RDC importe une grande partie de ses denrées alimentaires, y compris les produits surgelés tels que la volaille, le poisson, les céréales et d'autres produits de base. Cette dépendance aux marchés internationaux rend le pays très vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux et à la dépréciation de la monnaie. Puisque bon nombre des importations proviennent de pays comme la Namibie et le Brésil, toute turbulence économique dans ces régions, telle qu'une hausse des prix du carburant ou des changements dans les politiques commerciales internationales, peut directement affecter les prix alimentaires en RDC.

Deuxièmement, les inefficacités dans le système d'importation et de distribution en RDC exacerbent encore l'inflation des prix. Les infrastructures portuaires, notamment à Matadi, restent sous-développées, ce qui entraîne des retards, de la congestion et des coûts élevés pour le déchargement et le transport des marchandises vers l'intérieur du pays. En plus des inefficacités logistiques, la présence de multiples intermédiaires dans la chaîne d'approvisionnement provoque des distorsions supplémentaires des prix. Chaque intermédiaire ajoute une marge supplémentaire, gonflant les coûts à chaque étape avant que la nourriture n'atteigne le consommateur final.

La Mafia du Commerce Triangulaire

Un des facteurs les plus significatifs, mais souvent sous-estimé, de la flambée des prix alimentaires en RDC est le commerce triangulaire. Ce terme fait référence à la complexité des transactions où les marchandises sont importées en RDC non pas directement depuis leur pays d'origine, mais via des intermédiaires dans d'autres pays, souvent en Afrique, en Europe ou au Moyen-Orient. Par exemple, les produits alimentaires provenant du Brésil ou de l'Argentine peuvent transiter par la Namibie, l'Afrique du Sud ou des pays européens avant d'atteindre la RDC.

Cette structure de commerce triangulaire gonfle les prix à travers une combinaison de coûts de transbordement, de droits de douane supplémentaires, et de l'implication de sociétés commerciales étrangères qui exploitent l'absence de contrôle réglementaire en RDC. Le rapport lié à cette analyse identifie comment des produits comme le chinchard, originaires de la Namibie ou de l’Afrique du Sud, peuvent être reclassés sous différents codes tarifaires, contribuant ainsi à des écarts de prix. Ces pratiques non seulement augmentent les coûts finaux, mais compliquent aussi la traçabilité des produits, rendant difficile pour les autorités de surveiller et de réguler efficacement les importations.

De plus, le commerce triangulaire introduit un risque lié aux fluctuations monétaires, surtout lorsque les transactions sont traitées par des intermédiaires européens. Le recours aux banques et aux marchés européens pour traiter ces transactions expose la RDC aux fluctuations entre l’euro et le dollar américain, augmentant ainsi les coûts des marchandises.

Corruption et Spéculation dans la Chaîne d'Approvisionnement Alimentaire

La corruption est un problème omniprésent tout au long de la chaîne d'approvisionnement alimentaire en RDC, depuis les douaniers à la frontière jusqu'aux grossistes et détaillants sur les marchés locaux. Les importateurs se livrent souvent à des pratiques frauduleuses, telles que la sous-déclaration des quantités importées pour éviter de payer des taxes ou la surfacturation des marchandises afin de justifier des prix plus élevés aux consommateurs. Ces pratiques sont facilitées par la faiblesse des mécanismes de contrôle et un manque de coordination entre les agences gouvernementales responsables de la régulation du commerce.

En plus de la corruption, la spéculation sur le marché joue un rôle important dans l'augmentation des prix des denrées alimentaires. Certains importateurs stockent délibérément des produits de première nécessité en période de forte demande, comme lors des fêtes, afin de faire grimper artificiellement les prix. Cette spéculation affecte de manière disproportionnée les plus vulnérables, car la nourriture devient inabordable pendant ces périodes critiques, aggravant ainsi la pauvreté et l'insécurité alimentaire.

Quelques solutions politiques 

Pour s'attaquer au problème de la hausse des prix des denrées alimentaires en RDC, il faut un ensemble complet d'interventions politiques. Ces politiques devraient s'attaquer à la fois aux vulnérabilités externes et aux inefficacités internes qui contribuent à l'inflation, ainsi qu'aux problèmes systémiques de corruption et de mauvaise gouvernance qui ont permis au problème de s'aggraver.

Renforcement de la surveillance réglementaire et de la transparence des marchés

L'un des besoins les plus pressants est d'améliorer le cadre réglementaire régissant l'importation et la distribution de denrées alimentaires. Le gouvernement devrait donner la priorité au renforcement de la surveillance douanière et à la réduction des possibilités d'évasion et de fraude fiscales. Cela pourrait être réalisé grâce à la numérisation et à une meilleure coordination inter-agences entre les autorités douanières, le ministère de l'Économie et d'autres organismes concernés. De plus, une base de données centralisée et en temps réel devrait être établie pour suivre les importations alimentaires, les prix et les activités des acteurs du marché. Cela augmenterait la transparence et permettrait aux autorités de détecter et de traiter plus efficacement les manipulations de prix.

Promouvoir la concurrence et réduire les monopoles sur le marché

Il est essentiel d'encourager la concurrence sur le marché des importations de produits alimentaires pour faire baisser les prix. Le gouvernement devrait simplifier les procédures d'octroi de licences et réduire les obstacles bureaucratiques qui découragent les nouveaux entrants sur le marché. En favorisant la concurrence, le gouvernement peut réduire l'influence des importateurs monopolistiques qui contrôlent actuellement le marché et gonflent artificiellement les prix. De plus, la promotion des coopératives et le soutien des canaux de distribution alternatifs peuvent contribuer à créer un marché plus concurrentiel et diversifié.

Améliorer les infrastructures et réduire les coûts de transport

S'attaquer aux inefficacités logistiques qui contribuent à la hausse des prix des denrées alimentaires est un autre domaine clé de réforme. Le port de Matadi, qui est le principal point d'entrée pour les importations de produits alimentaires, souffre de congestion et d'inefficacités qui entraînent des coûts plus élevés pour les importateurs, qui sont finalement répercutés sur les consommateurs. Le gouvernement devrait investir dans l'expansion de la capacité du port et l'amélioration des procédures de dédouanement afin de réduire les retards et les coûts. De plus, l'amélioration des infrastructures routières et ferroviaires du pays contribuerait à réduire le coût du transport des marchandises des ports vers les marchés du pays, ce qui rendrait les aliments plus abordables pour les consommateurs.

Lutte contre la corruption dans la chaîne d'approvisionnement

La corruption est un problème omniprésent qui gonfle les prix des denrées alimentaires à chaque étape de la chaîne d'approvisionnement. Pour y remédier, le gouvernement doit mettre en œuvre une stratégie globale de lutte contre la corruption qui cible les points clés de la chaîne d'approvisionnement, des douanes et de l'importation au transport et à la vente au détail. L'augmentation des peines pour corruption et le lancement de campagnes de sensibilisation du public pour encourager la dénonciation sont des éléments essentiels d'une telle stratégie. En outre, la création d'un organisme indépendant chargé d'auditer les prix des denrées alimentaires et les activités sur les marchés pourrait contribuer à assurer une plus grande responsabilisation et à réduire les possibilités de manipulation des prix.

Soutenir la production alimentaire locale

Réduire la dépendance de la RDC à l'égard des importations est une stratégie à long terme pour lutter contre l'inflation des prix alimentaires. Le gouvernement devrait fournir un soutien ciblé aux agriculteurs et aux agro-industries nationaux afin d'accroître la production alimentaire locale. Il pourrait s'agir d'offrir des subventions, des formations et un meilleur accès aux marchés pour les producteurs locaux. En augmentant l'offre de denrées alimentaires produites localement, la RDC pourrait réduire sa vulnérabilité aux fluctuations des prix mondiaux et offrir des options alimentaires plus abordables à sa population. En outre, les partenariats public-privé pourraient être encouragés à investir dans des secteurs tels que la volaille, la pêche et la production de cultures de base, ce qui améliorerait encore la sécurité alimentaire et réduirait la dépendance à l'égard des importations.

Un Mot sur les Subventions aux Importations

À court terme, subventionner les importations constitue une solution rapide pour répondre à la flambée des prix alimentaires en RDC. La majorité des produits de base consommés dans le pays – tels que le riz, la volaille et le poisson – sont importés. Par conséquent, les hausses des prix mondiaux ont un impact direct sur les consommateurs congolais. En offrant des subventions ciblées sur ces produits importés, le gouvernement pourrait réduire les coûts et apporter un soulagement immédiat aux ménages les plus touchés par cette inflation des denrées alimentaires.

L'un des principaux avantages des subventions à l'importation est leur capacité à stabiliser les prix rapidement. En réduisant les droits de douane et en subventionnant les importations, les prix des denrées de première nécessité diminueraient, permettant ainsi aux consommateurs d'accéder à des produits essentiels à des prix plus abordables. Cela est particulièrement pertinent dans les zones urbaines où la dépendance aux importations est la plus élevée et où l'inflation alimentaire a des effets dévastateurs.

Cependant, bien que les subventions offrent des avantages immédiats, elles présentent également plusieurs inconvénients. Cette approche perpétue la dépendance de la RDC vis-à-vis des marchés extérieurs, rendant le pays vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux et aux chocs économiques internationaux. En outre, les subventions risquent de décourager les producteurs locaux, qui se retrouveraient en concurrence avec des produits importés à prix subventionné, compromettant ainsi les efforts visant à atteindre l'autosuffisance alimentaire à long terme.

Un Mot sur les Subventions à la Production Locale

Bien que les subventions aux importations apportent un soulagement à court terme, elles ne s'attaquent pas aux causes profondes de l'insécurité alimentaire en RDC. Une solution plus durable réside dans le développement de l’agriculture nationale afin de réduire la dépendance vis-à-vis des importations. En investissant dans la production locale, le gouvernement pourrait créer un système alimentaire plus résilient, capable de répondre aux besoins de la population tout en réduisant l’exposition aux chocs extérieurs.

L’investissement dans la production locale offre plusieurs avantages. Tout d’abord, il favorise l’autosuffisance, réduisant ainsi la vulnérabilité du pays aux fluctuations des marchés mondiaux. De plus, le développement de l'agriculture locale stimulerait la croissance économique, en particulier dans les zones rurales où les taux de pauvreté sont les plus élevés. L’amélioration des infrastructures rurales – comme les routes, les systèmes d’irrigation et les entrepôts – augmenterait la productivité agricole et faciliterait la distribution des produits sur les marchés.

Cependant, le renforcement de la production locale nécessite des investissements massifs et prendra du temps avant de produire des résultats tangibles. En attendant que ces efforts portent leurs fruits, le gouvernement devra continuer à subventionner les importations pour répondre aux besoins alimentaires immédiats de la population.

Axes Concrets de Soutien à la Production Locale: L'Intégration d'une Politique Universelle de Cantines Scolaires

Renforcer la production locale est devenu une priorité absolue pour réduire la pauvreté, garantir la sécurité alimentaire et améliorer le bien-être des populations, notamment en milieu rural. Une politique qui pourrait jouer un rôle clé dans cet effort est la mise en place de cantines scolaires universelles. Non seulement une telle politique contribuerait à améliorer la nutrition des apprenants, mais elle offrirait également un débouché stable et garanti pour les producteurs locaux. Cette note explore cette idée en l’intégrant aux axes déjà discutés, en mettant l’accent sur le soutien aux agriculteurs locaux et la promotion de la sécurité alimentaire.

Contexte de la Politique de Cantines Scolaires

La politique de cantines scolaires universelles vise à fournir des repas réguliers et nutritifs à tous les élèves des écoles primaires de la RDC. Cette mesure aurait des impacts multiples : d’une part, elle contribuerait à améliorer la santé et les capacités d’apprentissage des enfants en réduisant la malnutrition ; d’autre part, elle créerait une demande locale stable pour les produits agricoles, soutenant ainsi les petits agriculteurs et producteurs des différentes provinces.

Cependant, pour que cette politique soit véritablement bénéfique à la production locale, il est essentiel d'introduire une consigne qui stipule que les cantines scolaires d’un territoire donné (sur les 145 que compte la RDC) doivent être exclusivement approvisionnées par les producteurs de ce même territoire. Cette mesure garantirait que la demande générée par les cantines profite directement aux communautés locales, stimulant ainsi les économies rurales et encourageant les agriculteurs à augmenter leur production.

Impact sur la Production Agricole Locale

Cette politique des cantines scolaires offrirait un marché stable et régulier pour les agriculteurs locaux, ce qui est essentiel pour encourager une augmentation de la production. Actuellement, de nombreux agriculteurs en RDC hésitent à investir davantage dans la production par crainte de ne pas pouvoir écouler leurs produits, ou de devoir le faire à des prix très bas. Avec des cantines scolaires fournissant une demande garantie, les producteurs auraient la certitude de vendre leurs récoltes à des prix justes, et ce, tout au long de l'année scolaire.

Par exemple, des produits de base tels que le manioc, le maïs, les haricots, les légumes locaux, ainsi que les protéines animales (poisson, volaille) pourraient constituer le cœur des repas dans les cantines. Chaque territoire pourrait se concentrer sur les cultures et les produits qui lui sont spécifiques, renforçant ainsi les filières locales. Cela pourrait également encourager la diversification des cultures, puisque les cantines auraient besoin d'une variété de produits pour garantir des repas équilibrés.

Appui Logistique et Infrastructurel

Pour assurer le succès de cette politique, des efforts seront nécessaires pour améliorer les infrastructures logistiques dans les territoires concernés. Le développement des infrastructures de stockage (silos, chambres froides) et de transport sera crucial pour permettre aux agriculteurs de livrer leurs produits aux écoles sans pertes post-récolte majeures. De plus, la création de points de collecte et de distribution facilitera la gestion des denrées alimentaires, réduisant ainsi les coûts logistiques pour les agriculteurs.

Les cantines scolaires elles-mêmes devront être équipées pour recevoir, stocker, et préparer des repas à partir des produits locaux. Une formation pourrait être dispensée aux gestionnaires de cantines et aux responsables des écoles pour qu'ils apprennent à organiser les achats en collaboration avec les coopératives locales, tout en respectant les normes de sécurité alimentaire.

Renforcement des Coopératives Agricoles

La mise en place de cette politique de cantines scolaires universelles devra s'accompagner d’un renforcement des coopératives agricoles, qui pourront jouer un rôle crucial dans la structuration des relations entre producteurs et cantines. Les coopératives pourront mutualiser les ressources, organiser la production, négocier les prix, et assurer la régularité des livraisons. Cela permettra d’éviter les intermédiaires qui souvent capturent une part disproportionnée de la valeur ajoutée, au détriment des petits agriculteurs.

De plus, les coopératives pourront bénéficier de programmes de formation et d’encadrement technique pour améliorer la qualité et la quantité de leur production. En mutualisant les efforts au sein des territoires, ces coopératives deviendront des acteurs centraux du développement économique local, tout en assurant un approvisionnement stable des cantines scolaires.

Nutrition et Sécurité Alimentaire des Apprenants

Un autre impact positif direct de cette politique est l'amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition des élèves. La malnutrition est un problème grave en RDC, notamment en milieu rural, où de nombreux enfants n'ont pas accès à une alimentation suffisante ou équilibrée. En fournissant des repas réguliers à l'école, les cantines contribueront non seulement à améliorer la santé des enfants, mais aussi leurs performances scolaires, car la faim est un facteur important d'échec scolaire.

La consigne que les cantines se fournissent uniquement en produits locaux garantit également que les repas servis seront adaptés aux habitudes alimentaires locales, renforçant ainsi la connexion entre les producteurs et les consommateurs au sein du même territoire. Cela permettra également de promouvoir une alimentation durable, basée sur des produits saisonniers et disponibles localement.

Coordination et Suivi de la Mise en Œuvre

La mise en place de cette politique nécessitera une coordination étroite entre plusieurs acteurs : les ministères de l'Éducation, de l'Agriculture, et de l'Économie, ainsi que les autorités locales et les organisations de producteurs. Un cadre de suivi et d’évaluation devra être mis en place pour assurer la bonne mise en œuvre de la politique, en vérifiant notamment que les cantines respectent l'approvisionnement local et que les produits fournis sont de qualité.

Il sera également important d’adapter les financements publics pour couvrir le coût des repas scolaires et pour appuyer les infrastructures nécessaires. Ce financement pourrait être partiellement assuré par des partenariats avec des organisations internationales, qui soutiennent souvent les initiatives liées à la nutrition et à l’agriculture locale dans les pays en développement.

Mot de la fin

La flambée des prix des denrées alimentaires en RDC présente un défi complexe qui nécessite une réponse multifacette. En s'attaquant aux inefficacités dans le processus d'importation, en réduisant les coûts associés au commerce triangulaire et en luttant contre la corruption, le gouvernement peut alléger le fardeau des consommateurs et améliorer la sécurité alimentaire. Parallèlement, investir dans la production locale et les infrastructures créera un système alimentaire plus résilient, réduisant la vulnérabilité du pays aux chocs extérieurs du marché. Par ces efforts conjoints, la RDC pourra progresser vers un avenir où la nourriture sera à la fois abordable et accessible à tous ses citoyens.

La hausse des prix alimentaires en RDC est le résultat d’un mélange complexe de facteurs mondiaux, nationaux et structurels. Alors que les subventions aux importations offrent une solution immédiate pour soulager la population, elles ne constituent pas une réponse durable. L’investissement dans la production locale et la réforme du commerce triangulaire sont essentiels pour réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations et assurer une sécurité alimentaire à long terme.

La mise en œuvre d'une politique universelle de cantines scolaires, accompagnée de la consigne de s'approvisionner uniquement auprès des producteurs locaux, constitue une solution concrète pour soutenir la production agricole en RDC tout en améliorant la sécurité alimentaire des élèves. Cette politique permettrait de créer une demande stable pour les produits locaux, encourageant ainsi les agriculteurs à investir dans des pratiques plus productives et durables. En même temps, elle contribuerait à lutter contre la malnutrition infantile, favorisant ainsi l'épanouissement et la réussite des générations futures. Pour que cette politique réussisse, il faudra un soutien logistique, une coordination efficace entre les acteurs locaux, et un cadre rigoureux de suivi et d’évaluation. Mais les bénéfices pour la sécurité alimentaire et le développement rural en feront une initiative essentielle pour l’avenir du pays.

Dr. John M. Ulimwengu

Chargé de recherches senior – Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI)

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