Lors de la mise en œuvre du programme économique triennal que la RDC a conclu avec succès, les experts du FMI, à travers leurs assistance technique, ont passé au peigne fin les politiques monétaires et financières de la RDC, non sans donner leurs conseils avisés.
C’est dans ce contexte que le FMI, dans son rapport détaillé au titre de consultation de l’article IV dans le cadre de la Facilité élargie au crédit (FEC) a noté qu’à court terme, la politique monétaire de la Banque centrale du Congo doit « maintenir une orientation stricte pour contribuer à contenir l'inflation ».
Pour le FMI, les dirigeants congolais doivent également « entreprendre des réformes à court et à moyen termes pour améliorer la transmission de la politique monétaire et renforcer la solidité du secteur financier ».
Il en ressort donc de ces conseils avisés des experts du FMI que la BCC devrait maintenir une politique monétaire stricte, mais des problèmes de gestion des liquidités subsistent.
« La BCC doit maintenir sa politique monétaire restrictive jusqu’à ce que l’inflation descende en dessous de son objectif. Les taux d’intérêt réels sont positifs et devraient augmenter à mesure que l’inflation continue de baisser et que le taux directeur reste inchangé. Le resserrement de la politique monétaire à partir du troisième trimestre 2023 s’est reflété sur le marché interbancaire, où les taux d’intérêt ont augmenté et où la liquidité bancaire est devenue plus contrainte. La banque centrale entend continuer à réduire l'excès de liquidité, dû en grande partie aux dépenses publiques, en élargissant la gamme des bons de la BCC et, si nécessaire, en augmentant le coefficient de réserve obligatoire sur les dépôts à vue en monnaie nationale », dit le rapport du FMI.
Toutefois, souligne le FMI dans son rapport, la capacité de la BCC à éponger les excédents de liquidité semble avoir atteint une limite : l'appétit du secteur bancaire pour les effets émis par la BCC a diminué (le ratio offres/volumes offerts par la BCC a considérablement diminué ces derniers mois) et le refinancement les opérations ont augmenté.
Compte tenu de la nécessité d’améliorer la transmission de la politique monétaire et de réduire l’excès de liquidité, la BCC envisage des mesures supplémentaires pour renforcer le cadre de mise en œuvre de la politique monétaire suite aux recommandations de la mission d’assistance technique du FMI de mars 2024.
Dans cet ordre, la BCC s'engage à « limiter strictement ses transactions en espèces ». Les paiements en espèces aux guichets de la BCC semblent s'être réglés à des niveaux inférieurs depuis que les restrictions sur leur utilisation ont été promulguées en juillet dernier, constate-t-on.
Le 16 mai 2024, un décret limitant l'exécution des dépenses en espèces, alignant ainsi le cadre d'exécution des opérations du Trésor et de la BCC sur la loi LBC/FT (RS de fin mai 2024). Cependant, la BCC a noté qu'en raison de la faible pénétration bancaire dans les zones reculées, les paiements en espèces à la BCC ne peuvent pas être complètement éliminés.
Alors que le taux de change continue de se déprécier, bien qu’à un rythme plus lent, la pression sociale et politique reste forte sur la BCC pour qu’elle lutte contre la dépréciation par une intervention substantielle sur le marché des changes.
Dès lors, la BCC prend des mesures pour améliorer le fonctionnement du marché des changes et renforcer sa stratégie d'intervention sur les changes, visant à réduire la volatilité extrême dans un environnement de marchés peu profonds.
Ces mesures comprennent (i) la suppression du plafond sur la marge générée par les banques sur la revente de dollars américains obtenus aux enchères ; (ii) l’alignement de la méthode de définition du taux de change marginal aux enchères sur le cadre réglementaire et les bonnes pratiques de marché ; et (iii) le suivi renforcé du système des opérations de change avec une supervision sur place et hors site.
Dans le cadre du Programme économique bouclé avec le FMI, les autorités de la RDC (Gouvernement et banque centrale) se sont engagées notamment à : renforcer la position financière de la banque centrale (A cet égard, la BCC s'engage à produire ses états financiers conformément aux normes IFRS et les besoins de recapitalisation découlant de cet exercice feront l'objet d'un MoU signé entre le Ministère des Finances et la BCC) ; prendre des mesures pour limiter la dollarisation de l'économie étant donné l'effet de transmission important de la dépréciation du taux de change sur l'inflation ; recourir aux interventions sur les changes uniquement pour atténuer la volatilité excessive ; la nécessité de mieux coordonner les politiques budgétaire et monétaire, afin de renforcer l'efficacité de cette dernière.
Amédée Mwarabu