En 2021, le président français Emmanuel Macron s'est rendu au Rwanda, et bien qu'il ait déclaré que la France n'était "pas complice" du meurtre de masse, il a reconnu qu'elle avait ignoré les avertissements concernant le massacre imminent des Tutsis au Rwanda en 1994.
Depuis, le président français n'a cessé de faire tout et n'importe quoi pour renforcer les relations avec le Rwanda. Il y a eu la signature d'une déclaration d'intention conjointe, visant l'aide au développement et donnant le leadership de la francophonie à la petite nation anglophone.
L'année dernière, j'avais souligné ce qui se passait à l’Est de la RDC une guerre économique entre la RDC et le Rwanda. Et maintenant que Kagame a été surpris par la frappe sur la marque rwandaise par les Congolais du monde entier, le conflit prend une autre forme.
Le pyromane
Les enquêtes récentes du Groupe d'experts des Nations Unies sur le Congo, ainsi que les recherches de Human Rights Watch, fournissent des preuves significatives que le Rwanda ne fournit pas seulement un soutien logistique au M23, mais que les troupes rwandaises renforcent ou combattent aux côtés du groupe armé. Ces rapports montrent aussi que le groupe armé M23 a commis des exécutions sommaires et le recrutement forcé de civils.
Alors que fin 2022, le Congo a envoyé deux officiers supérieurs de l'armée qui connaissent bien ce coin de ce sous-continent pour superviser les opérations militaires, tous deux Hutus congolais qui ont conservé des liens étroits avec les milices ethniques, Paul Kagame a lancé une dangereuse propagande pour crier qu'il y est un génocide de Tutsi en RDC en ce moment.
Et maintenant, les parties belligérantes ont de plus en plus fait appel aux loyautés ethniques, faisant courir un risque accru aux civils dans les zones reculées de la province du Nord-Kivu.
Mais le président Félix Tshisekedi est responsable de ce piège. Fin 2022, il fait venir à son bureau une délégation de Tutsi congolais pour les rassurer sur leur sécurité en RDC, comme si c'était un problème. Cela a planté la graine du mythe d'une « tutsiphobie » en RDC, et son acte a également encouragé un officier tutsi de haut rang à commettre l'acte le plus élevé de trahison en rejoignant le M23.
Ce qui était autrefois une guerre économique entre la RDC et le Rwanda, Kagame tente de la transformer en un conflit entre Hutu et Tutsi sinon comme le rêve de Museveni fils, entre Bantous et Nilotiques.
La France du mauvais côté de l'histoire, encore une fois
La France est aujourd'hui l'un des pays les plus endettés du monde qui voit son prestige d'ancien maitre du monde s'effondrer. Macron joue maintenant au poker en essayant de repatcher la "Françafrique" sous une nouvelle bannière plus délicate. Le défi de cette manœuvre n'est pas les dirigeants africains mais les jeunes Africains difficiles à métriser.
Le trébuchement fatal est le pari sur le pyromane de la région sub-saharienne qui a perdu beaucoup de terrain sur le terrain diplomatique contre la RDC qui est directement lié à la marque Rwanda et donc sur son développement économique et son pacte social.
"La France n'a pas compris qu'en voulant entraver un conflit régional ou une guerre civile, elle se tenait en fait aux côtés d'un régime génocidaire." Dit le Macron en 2021 à propos du génocide au Rwanda.
Kagame a clairement décidé de déclencher un conflit ethnique en RDC tout en justifiant la façon dont les Tutsis prennent les armes contre leur pays. La RDC n'est pas le Rwanda sous quelque forme que ce soit. Si Macron reste ferme aux côtés de ce pyromane, cela va coûter à la France plus que des larmes de crocodile et prendre plus que jeter sur des pacotilles congolaises.
En fin de compte, Macron doit comprendre, comme le fait déjà ses confrères américains et européens, Kagame n'est pas seulement un poison pour la transformation sociale et le développement économique de la RDC, mais aussi pour l'économie mondiale.
Jo M. Sekimonyo
Auteur, théoricien, militant des droits de l’homme et économiste politique