Les administrateurs de territoires et leurs assistants ont annoncé une grève illimitée à compter du lundi 18 août 2025. Cette décision fait suite à des conditions de travail jugées inhumaines, notamment l'absence de rémunération depuis près de trois ans.
Dans une correspondance adressée au vice-premier ministre en charge de l'Intérieur, Jacquemain Shabani, les administrateurs expriment leur frustration face au silence persistant du gouvernement malgré leurs alertes répétées. Ils dénoncent le non-paiement de leurs salaires, primes et frais de fonctionnement depuis leur nomination en janvier 2023.
Ce mouvement de grève, qui touche l'ensemble des 145 territoires du pays, risque de paralyser les services administratifs de proximité, essentiels pour la gestion quotidienne des affaires locales. En février dernier, ils avaient interpellé le gouvernement sur leur contexte professionnel, en indiquant que la précarité de leur situation compromettait leur capacité à assurer la gestion administrative et le suivi des populations.
L'un d'entre eux avait déclaré à Actualité.cd :
« Pour survivre, nous sommes contraints de quémander auprès des habitants que nous administrons. Nous manquons même de papier. Une prime nous avait été promise lors de notre nomination, mais jusqu'à ce jour, rien n'a été versé. Le vice-premier ministre était venu nous assurer que nous serions payés en octobre, mais depuis, nous n'avons toujours rien reçu ».
Malgré des promesses antérieures de résolution de cette crise, les administrateurs affirment, dans un communiqué rendu officiel, n'avoir reçu aucun soutien financier. En mars 2024, ils avaient déjà interpellé le président Félix Tshisekedi pour solliciter son intervention face à 16 mois d'impayés de frais de fonctionnement.
« Alors que nous sommes censés gérer les dossiers sensibles liés aux conflits coutumiers, à la sécurité et à l'agression dont fait face notre pays de la part des supplétifs du Rwanda, les pantins du M23, nous, administrateurs des 145 territoires, sommes délaissés, abandonnés », avait déclaré Samy Kalonji Badibanga, administrateur de territoire de Fizi et rapporteur du caucus des administrateurs à Radio Okapi.
Il faut rappeler que cette grève montre les défis persistants de la gouvernance locale en République démocratique du Congo, et nécessite une action urgente de la part des autorités pour le rétablissement de l'autorité de l'État dans les entités territoriales.
Jean-Baptiste Leni
