RDC :Les 4 indicateurs déterminants pour diligenter un audit de la CENI

PAR Deskeco - 26 mar 2019 11:04, Dans Actualités

Le 21 Mars 2019, le trésor américain a sanctionné trois personnalités congolaises. Il s’agit du Président de la CENI, Corneille Nangaa, son vice-président, Basengezi Katintima, et de son conseiller, Marcellin Basengezi Mukolo. Tous sont accusés de corruption, notamment pour gonflement de 100 millions USD les coûts du contrat de la machine à voter, la perception des pots-de-vin et l’utilisation des fonds issus de ces transactions pour financer la campagne électorale du candidat de FCC, etc. Cette situation soulève du coup la nécessité d’un audit global de la CENI par les organes supérieurs de contrôle, notamment la Cour des Comptes pour la période comprise entre 2014 à 2018.

Au-delà de cette dénonciation faite par le trésor américain, voici quelques indicateurs, qui pourront pousser à la conduite de cet audit :

 

  • Budget irrationnel des élections : le rapport de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) de 2018 renseigne qu’entre 2014 et 2017, le Parlement a voté pour les opérations électorales un budget de l’ordre de 1 517 279 706,12 USD. Le montant payé par le Gouvernement s’élève à 483 515 758,58 USD soit 31,86%. Le montant reçu et déclaré par la CENI dans ses rapports (2014-2015 ; 2015-2016 et 2016-2017) est de 652 048 940,4 USD. Entre le montant déclaré par la CENI et celui reconnu par le Ministère du budget, il s’observe un écart de 168 533 181,82 USD. Ce qui laisserait croire que la CENI a l’habitude de recevoir des fonds non engagés. Ce comportement viole l’article 103 alinéa 2 de la Loi relative aux finances publiques. Ajouté celui des élections présidentielles Législatives nationales et provinciales de décembre 2018, environ 1,084 milliards USD ont été décaissé par le Gouvernement de 2014 à 2018.

 

 

  • L’absence de transparence des marchés publics :  La passation des marchés publics effectuée par la CENI, de manière globale, respecte faiblement le critère de transparence. En 2018, l’ODEP a noté l’absence de publicité pour 80% des marchés passés par la CENI. Ce qui annulerait en principe toutes les procédures engagées par celle-ci conformément à l’article 34 alinéa 3 de la Loi relative aux marchés publics. Les différents rapports d’activités de la Direction Générale de Contrôle des Marchés Publics et de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics renseignent que le coût global des marchés passés par la CENI entre 2014-2018 est d’environ 600 millions USD soit 65% des dépenses des opérations électorales.

 

 

  • Des dépassements dans l’exécution du budget : dans l’exécution des fonds alloués à la CENI, on a noté la persistance des dépassements de plus 1000% lors de paiement des dépenses liées aux interventions économiques, sociales, scientifiques et culturelles ; de location des entrepôts ; faible paiement des dépenses de la rémunération des agents. Ce qui est une violation des articles 39 et 40 de la Loi relative aux finances publiques.

 

 

  • L’absence de contrôle de la CENI : Le Parlement, la Cour des Comptes et l’Inspection Générale des Finances ont prouvé leur inefficacité à exercer le contrôle vis-à-vis de la CENI. Aucune initiative du contrôle parlementaire et citoyen, tendant à l’amélioration de la gouvernance des fonds alloués aux élections, n’a trouvé échos favorable. Moins encore le Ministère du Budget, qui joue le rôle de contrôleur général du budget du pouvoir. Les rapports annuels de la CENI déposés au Parlement ne fonds ni l’objet de débat à la plénière ni d’une mission d’enquête parlementaire. A cela s’ajoute, l’absence de production et publication du rapport d’activité 2017-2018 par la CENI.

 

VM

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