Le Président de République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi a entamé depuis le mardi 5 février, une tournée sous-régionale. Profitant de son séjour au Kenya, il a été reçu par la communauté congolaise vivant à Nairobi. Au cours de ses échanges, Félix Tshekedi a annoncé lapplication de la gratuité de lenseignement primaire et secondaire (EPSP) dès lannée scolaire 2019-2020.
Cependant, sur le plan technique et financier, la réalité est autre. Pour assurer la gratuité de lenseignement, les Objectifs de Développement Durable renseignent que le pays doit allouer environ 2,9 milliards USD par an au secteur. Un prélèvement de 1,6 milliards soit 54% doivent être affectés à lenseignement de base.
LAnalyse de la société civile sur le projet de Loi de finances 2019 renseigne que sur 25 millions denfants à lâge de scolarisation, la RD Congo investi par élève 38,7 USD par an. Par contre en Angola, le budget investi à chaque élève par an est de 690,7 USD ; le Congo Brazzaville est à 334,60 USD.
Avec un Budget de 5,9 milliards USD en 2019, les dépenses de lenseignement primaire et secondaire sont évaluées à hauteur de 692,9 millions USD soit 71,24% de lensemble du budget alloué à lenseignement national. 80% des allocations budgétaires de lEPSP sont affectés à la rémunération du personnel administratif et enseignant. Même si le nouveau Gouvernement élabore un collectif budgétaire, les écarts ne seront pas grand, a indiqué un membre de la cellule budgétaire du Ministère de lEPSP.
Une étude menée par lObservatoire de la Dépense Publique sur les dépenses des secteurs sociaux de 2012-2016, démontre que lexécution du budget de lEPSP reste marquée par une prépondérance des dépenses de la rémunération (90%) et un faible taux dexécution des dépenses dinvestissement. Cette tendance sest confirmée en 2017 et 2018.
A ces jours, environs 140 269 enseignants attendent la mécanisation et réclament le paiement de 100 USD pour un huissier. Le Budget 2019 a prévu une mécanisation de 8300 enseignants sur 140 269. Ce Budget prévoit le financement de 2,8 millions USD pour la formation de 560.000 enseignants soit 5,1 USD par enseignant ; 28,6 millions USD pour le fonctionnement de 2 406 bureaux gestionnaires et 27 696 écoles primaires soit 951,4 USD par école.
Il faudra noter que la stratégie sectorielle de léducation et de la formation 2016-2025 prévoit la construction de 1000 écoles par ans. Les différents budgets proposés chaque année ne couvre que les dépenses dau moins 400 écoles par an.
Les parents, véritable faiseur des rois
Par manque des moyens pour la prise en charge des enseignants, les écoles et les parents assurent le paiement de cette motivation. Vingt-six ans après, le système sest enraciné, au mépris de la Constitution de la RDC en son article 43 alinéa 5, qui garantit la gratuité de léducation au niveau de lenseignement de base.
Une étude de lObservatoire de la Dépense Publique fait observer que huit (8) taxes illégaux sont perçus au niveau des écoles et autorisées par les différentes circulaires des Gouverneurs. En 2018, lapport des parents a été évalué 16.329.057,93 USD dans la ville de Kinshasa; 8.852.186,8 USD dans la province de lEquateur et 11.382633,3 USD au Kasaï central, renseigne le rapport de létude.
Cette contribution des parents participe à la motivation et la formation continue des enseignants, au fonctionnement des écoles, lorganisation des épreuves de fins dannée, notamment lexamen dEtat et le TENAFEP.
Perte de qualité de léducation
Ce faible financement de léducation affecterait la qualité de lenseignement. On note la corruption dans le système éducatif (élèves, parents, inspecteurs, enseignants, etc.), labsence de qualification du personnel enseignant, le phénomène 100% pour le diplôme dEtat; la multiplicité des frais conduisant les familles pauvres à nest pas envoyé leurs enfants à lécole. Bref, lécole ne pourrait être accessible quà tous les enfants et le phénomène de prise en charge de lenseignant par les parents perdurait le plus longtemps possible.
Au regard de ce qui précède, il est trop tôt pour le Chef de lEtat denvisager la gratuité de lenseignement primaire et secondaire sur toute létendue du territoire national en 2020. Même au niveau du Ministère de tutelle on ny croit pas encore. Beaucoup reste à faire, notamment des mesures claires tendant à une meilleure mobilisation des recettes publiques, nous confie un agent de la direction détude et planification.
Valery M