"Nul" , "cher" , "escroc" ou "médiocre", les mots des militants du principal mouvement citoyen en République démocratique du Congo (RDC) étaient forts pour qualifier les services offerts par les sociétés de télécommunications dans le pays.
Munis des pancartes en carton, des dizaines de militants du mouvement Lutte pour le Changement ont assiégé le quartier général du géant des télécoms dans le pays, Vodacom Congo. "Venez voir Vodacom, des voleurs au Congo, un faux 4G, connexion médiocre (...) " scandaient des militants sous l'il pointilleux des policiers déployés pour encadrer la manifestation.
Lucha en veut à Vodacom, Orange, Airtel et Africell pour la surfacturation des services et la qualité médiocre de l'Internet mobile ou fixe. Si en moyenne, un forfait journalier d'1 gigabits revient à 1 dollar pour la majorité des réseaux, Bienvenu Matumo, militant de Lucha rappelle qu'en France où il étudie depuis plus d'un an, avec 15 euros ( 17 dollars), le consommateur a droit aux "appels illimités et 12 Gb, y compris des SMS".
Un autre problème soulevé par les protestataires : la qualité d'internet ou du réseau qui connaît fréquemment des perturbations sur ses lignes analogiques.
Si Vodacom, Orange et d'autres sociétés se vantent d'avoir une connexion 4G, Lucha n'est pas convaincue car la qualité est "médiocre, pire encore nul", atteste un militant cliquant sur un lien qui tarde à s'ouvrir faute de la mauvaise qualité d'internet fourni par un des 4 opérateurs.
"La comparaison n'est pas raison"
La société réputée proche de la famille de l'ex - président Joseph Kabila , offre ses services aux congolais depuis 17 ans et se vante d'avoir ouvert le pays au monde entier.
"Le premier objectif de Vodacom Congo c'est réellement d'assurer le bien être de la population congolaise. Nous voulons connecter chaque citoyen congolais, pour que chacun vive un meilleur présent et assurer un meilleur avenir. Nous sommes conscient que notre technologie transforme la société, apporte les solutions et ce que Vodacom a fait depuis 17 ans c'est non seulement démocratiser la SIM, c'est démocratiser la téléphonie, démocratiser l'internet" explique aux militants de Lucha, Mme Anaiah Bewa, directrice des relations publiques au sein de la société.
"Aujourd'hui Vodacom se retrouve dans tous les territoires quasiment de la RDC et a franchi des obstacles qu'aucun investisseur privé ne ferait à moins d'être l'administration publique, d'être l'Etat", poursuit la dame assise confortement dans un fauteuil.
"Nous avons des raisons sur lesquelles ces prix sont appliqués"
La voix de la société affirme que Vodacom a installé ses antennes dans des territoires "où il n'existe même pas une présence étatique, où il faut frayer les chemins dans les forêts où il n'y a pas d'électricité. Nous sommes conscients que notre responsabilité n'est pas le profit".
"Sur les aspects que nous avez soulevés du coût de la téléphonie : la comparaison n'est pas raison. Les prix ne se constituent pas lorsque on se met autour d'une table pour dire comment on va gagner plus sur la tête de la population. Nous sommes dans un secteur régulateur Le coût de revient de nos services a une structure qui a plusieurs facteurs qui entrent en compte pour constituer ce prix. Nous sommes dans un secteur qui a un régulateur, où nous ne pouvons pas faire tout ce que nous voulons (...) Les revendications ne sont pas souvent fondées", a-t-elle renchéri promettant aux militants d'étudier leurs préoccupations et "apporter plus d'éclaircissements".
Christine Tshibuyi