Avec un taux démographique de 3% l'an, la population congolaise dépassera le cap de 100 millions en 2030 et atteindra 140 millions en 2050. Jusque-là, la RDC na pas mis à profit son poids démographique pour stimuler son développement. A linstar des pays émergents à forte population comme la Chine, lInde, le Brésil, lIndonésie ou le Pakistan, la RDC doit faire de sa population un atout pour son développement.
La population congolaise est actuellement estimée à plus de 75 millions dhabitants. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) projette le doublement de cette population en 2050. Mais déjà en 2030, la RD Congo va dépasser le seuil de 100 millions d'habitants. Coïncidence, les différents gouvernements que le pays a connus ces dernières années projettent l'émergence à cette échéance. L'objectif de l'émergence en 2030 ne pourrait se réaliser sans une amélioration conséquente des conditions socio-économique des citoyens.
Ce qui implique qu'en même temps que le gouvernement maintient au vert les indicateurs macro-économiques en vue de l'émergence, il devra aussi améliorer des conditions socio-économique de ses administrés. En 2030, il faudra nourrir, soigner, loger, procurer du travail, former et sécuriser 100 millions de Congolais. Car, toute politique économique n'a de sens que si elle parvient à mettre la nation à l'abri des besoins primaires mais aussi d'améliorer son bien-être collectif.
Des perspectives en-dessous des défis
La RDC fait partie des 20 pays les plus peuplés au monde. Il sagit, par ordre décroissant, de la Chine, lInde, les USA, lIndonésie, le Brésil, le Pakistan, le Nigéria, le Bangladesh, la Russie et le Japon, le Mexique, les Philippines, lEthiopie, le Vietnam, lEgypte, lIran, lAllemagne, la RDC, la Turquie et la France.
Il sobserve que tous ces pays sont soit développés soit émergents. Autant dire que le poids démographique nest pas un handicap pour le développement économique. Dès lors, comment comprendre que la RDC ne parvienne pas à se hisser économiquement à linstar des autres pays ayant un poids démographique important ?
Alors que la RDC se prépare aux élections le 23 décembre, les différents candidats président de la République ont dévoilé leur projet de société. Tous ces projets ambitionnent de doter le pays dun budget quinquennal denviron 100 milliards USD. Au regard des défis qui se posent pour son émergence, ces budgets ne permettront pas de faire décoller le pays dici à 2030 vu le poids démographique de la RDC.
L'équation économique
L'enjeu est de taille : assurer la croissance économique du pays entamé depuis une dizaine d'années et permettre aux masses laborieuses de profiter de cette embellie par une redistribution équitable. La question c'est comment émerger quand la RDC s'enrichit d'au moins 2 millions de naissances chaque année ? Pour y parvenir, les dirigeants devront d'abord s'atteler à combler le retard que le pays connaît présentement dans tous les secteurs de la vie socio-économique par rapport aux moyennes africaines.
Ça fait des lustres que l'Etat congolais ne s'est occupé à loger décemment les fonctionnaires, les militaires, les enseignants et tous les gagnepetits de la République. En ce qui concerne l'urbanisme et habitat, un rapport d'experts établissait la nécessité de construire d'un trait 2,5 milliards de logements et de poursuivre la construction de 500 000 autres chaque année, pendant dix ans, pour résorber le gap de la carence en logis en RDC.
Ce rapport date de 2004.
Quatorze ans après, un tel plan n'a jamais vu le jour. Dans le dernier programme quinquennal de Matata Ponyo (2012), en ce qui concerne l'habitat, il était prévu la construction de 30.000 logements sociaux sur l'ensemble du pays. Non seulement ce projet est aux antipodes de celui susmentionné mais la réalisation na même pas produit 3000 logements. Certes à Kinshasa, à l'initiative des privés, des cités modernes sortent du sable kinois à Kingabwa, à la pépinière de Bandalungwa, à la FIKIN ou encore en face de l'ISC Gombe. Mais, ce sont des habitations pour la bourgeoisie congolaise et inaccessibles à la majorité des familles kinoises.
Sur le plan de la desserte en eau potable (26 %) et en énergie électrique (9%), les indicateurs de la RD Congo sont en dessous des moyennes africaines. Avec l'augmentation attendue de la population, l'on doute que dans seulement 12 ans la majorité de ménages congolais bénéficiera de l'énergie moderne.
Les mêmes défis se posent dans l'éducation primaire, secondaire et dans lenseignement supérieur et universitaire. C'est aussi le cas dans la santé. Avec 63% des Congolais en insécurité alimentaire, seulement 2% d'entre eux ont une couverture sociale. A tout cela s'ajoute, la nécessité de construire ou de réhabiliter les infrastructures de communication qui sont, à ce jour, loin de soutenir l'économie congolaise dans son ensemble.
Un marché intérieur non exploité
La RDC héberge un marché intérieur de plus de 75 millions dhabitants. Cest un marché rêvé pour tout pays engagé dans la quête de lémergence. Ce que le Congo Kinshasa ne fait pas jusque-là. En effet, léconomie congolaise est extravertie : le pays produit ce quil ne consomme pas et consomme ce quil importe. La RDC produit des matières premières destinées à lexportation et importe lessentiel des produits de consommation. Cest un paradoxe quand on sait que le pays regorge 80 millions de terres arables, un réseau hydrographique dense et régulier et une méga biodiversité. Ces ressources prédisposent la RDC à produire suffisamment pour sa population, pour les 9 pays voisins et pour le reste du monde.
La force tant des USA, de la Chine, de lInde ou même du Nigéria cest de disposer déjà dun marché intérieur important où ils écoulent une partie de leur production avant dexporter dans le reste du monde. Dans la quête à cette émergence économique, avec le taux de croissance de sa démographie (3%), la RDC devrait diversifier sa production en privilégiant notamment lagro-industrie qui a lavantage dengranger un grand nombre de personnes comme main duvre.
Démocratiser la croissance
Il est clair qu'aucun pays ne peut atteindre l'émergence économique sans au préalable accorder une attention conséquente aux problèmes socio-économiques de la majorité de ses populations. La Chine, le Brésil, l'Inde et bien dautres pays, à forte population, ont capitalisé limportance de leur poids démographique avant de jouir aujourdhui des retombées de lémergence.
Bref, la croissance économique doit s'accompagner d'une amélioration du bien-être des citoyens. Soit le gouvernement s'investit dans les campagnes de sensibilisation au planning familial, de manière à éviter une croissance démographique incontrôlée. Soit il met en cohérence ses politiques programmes de manière à capitaliser cette augmentation de la population.
Amédée MK