JC. Katende « La justice doit être proactive dans la lutte contre la corruption»

PAR Deskeco - 20 mar 2019 10:23, Dans Actualités

L’activiste de défense des droits humains et président de l’ONG Asadho, Jean Claude Katende, donne  ici sa réaction sur la problématique de corruption au sein des assemblées provinciales. Il fait remarquer que depuis longtemps la corruption n’est jamais punie en RDC malgré les alertes de la société civile. Il est pour des peines d’emprisonnement pour les corrompus et les corrupteurs afin de combattre ce fléau. Pour cela, il estime que la justice congolaise doit être proactive dans la lutte contre la corruption.

 

DESKECO.COM: Quel est votre commentaire par rapport à cette problématique de corruption dans les assemblées provinciales ?

Jean Claude Katende: La corruption a détruit les institutions en RDC. Sous les législatures de Joseph Kabila, on n’avait jamais cessé de décrier la corruption au sein de l’assemblée nationale mais aucune mesure n’avait été prise pour lutter contre ce fléau. Aujourd’hui, toute tendance confondue, les candidats sénateurs se plaignent d’avoir été approchés par les députés provinciaux afin de leur donner l’argent contre leur voix. Personne ne peut contester aujourd’hui des cas de corruption. De manière générale, toute mesure qui tendrait à assainir ce fléau au sein des institutions est à encourager. Il y a longtemps qu’on a vu des actions publiques  contre les corrompus et les corrupteurs. Je soutiens totalement que la justice soit motivée à enquêter sur des cas de corruption en RDC.

Quelles sont les mesures envisageables pour endiguer la corruption au sein des assemblées nationales ?

C’est vraiment difficile d’avoir une mesure précise pour lutter contre la corruption dans les assemblées provinciales. La seule mesure envisageable c’est de changer les modes de scrutins pour les soumettre au suffrage direct. En ce moment là, c’est le peuple qui choisit les sénateurs. Cependant, les sénateurs représentent les provinces. Nous aurions souhaité qu’au niveau de chaque province qu’on puisse choisir les sénateurs comme aux législatives nationales. Dans le cas où il y a des soupçons de corruption, il faut que la justice soit proactive pour mettre la main sur les corrompus ou les corrupteurs. Notre justice en matière de lutte contre la corruption est trop lourde.

Que risquerait un corrompu et un corrupteur des assemblées provinciales en cas de culpabilité établie par les Cours et tribunaux ?

Ils encourent une peine d’emprisonnement. Le juge peut les condamner à une peine d’emprisonnement moyennant les amendes où il peut seulement les condamner à des amendes. Moi, je pense dans le cas d’espèce pour lutter contre ce fléau de corruption en RDC, je conseillerai une peine d’emprisonnement. Nous sommes dans un pays considéré parmi les plus corrompus au monde. Mais, on n’a jamais assisté à un procès où un corrompu et un corrupteur est mis en cause. C’est paradoxal qu’il n’y ait pas dans les prisons des corrompus ni des corrompus. Moi, j’encouragerai notre justice à traquer ces personnes, les traduire devant les cours et tribunaux et les condamner à des peines privatives de liberté.

Dans la province de la Mongala, un acteur politique a livré 4 noms au procureur général. Que vaut une telle accusation en matière de corruption ?

Je rappelle que notre constitution consacre le principe d’innocence. Ça veut dire que toutes les personnes qui ont été mentionnées dans la lettre adressée au procureur général sont présumées innocentes. Le procureur qui a été saisi doit ouvrir des enquêtes. La première personne qui doit être entendue c’est l’acteur politique qui a saisi le procureur général. Il doit donner des indices au procureur qui doivent permettre à ce qu’il puisse lancer des invitations aux personnes soupçonnées pour les auditionner. Il y aura ensuite de confrontations. C’est à la suite des confrontations que le procureur pourra décider si les personnes mises en cause peuvent être arrêtées ou pas. L’opérateur politique mentionne qu’il a été appelé tel jour à telle heure. A partir des sociétés de téléphonie cellulaire, on peut retracer l’appel et avoir le contenu de la conversation. Tout comme, il peut se faire que le jour où la personne a été reçu qu’il y ait des témoins. Tout ça ce sont des indices qui peuvent montrer qu’il y a eu des indices de corruption ou pas. Donc, si la justice veut vraiment travailler pour endiguer la corruption, elle peut y arriver.

Maître, reconnaissez tout de même que c’est difficile de prouver les faits de corruption ?

Il faut d’abord savoir qu’il y a de la corruption en RDC. C’est indiscutable. Est-ce que ceux qui corrompent écrivent des documents ? Les gens disent souvent qu’il n’y a pas de document. La preuve peut être un enregistrement sonore. Au Congo, on pense souvent qu’il faut seulement des preuves écrites. Il n’y a aucun corrupteur qui peut donner l’argent et demander qu’on lui établisse un document. On peut découvrir la corruption à partir aussi des avantages que l’autre a reçus. La justice a les moyens pour détecter les faits de corruption. C’est cette logique de dire qu’il est difficile de prouver la corruption qui fait que ce fléau existe et on ne met la main sur personne.

Propos recueillis par Amédée MK

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