RDC :Les pratiques de corruption continuent sous Félix Tshisekedi

PAR Deskeco - 09 juil 2019 09:22, Dans Actualités

Le combat contre la corruption demeure un chantier quasi intact en République démocratique du Congo. Le changement intervenu le 24 janvier 2019 avec la passation du pouvoir et donc l'avènement de l'actuel chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, n'a encore réussi à freiner l'élan des pratiques de corruption en RDC.

Le seul acquis dans la lutte contre la corruption reste cette volonté politique exprimée au plus haut niveau par le président de la République. Le nouveau locataire du Palais de la nation est disposé à lutter contre la corruption. Ça c'est un fait certain. Cependant, cette volonté politique n'a encore aucune incidence sur les couches bénéficiaires de la corruption. Ce fléau reste un sport national.

Toutes les formes de corruption continuent, hélas, dans le pays, selon une mini enquête menée par DESKECO.COM.

  1. La corruption dans l'enseignement. Un cas récent. Lors des examens d'Etat qui se sont tenus du 21 au 24 juin 2019, les pratiques de corruption ont été signalés. Dans certaines salles d'examen, les finalistes ont bénéficié de la largesse des surveillants pour tricher simplement parce que les préfets de certains instituts ont eu à “garantir le transport” des commis à la surveillance.

"Mon fils m'a harcelé pour 100 dollars américains que je devrais lui donner parce que exigés par les responsables de son école au motif que c'est pour assurer le suivi des résultats des examens d'Etat", a confié à DESKECO.COM un parent d'un élève qui a présenté les derniers examens d'Etat.

  1. La corruption chez les agents de police de la circulation communément appelés "roulages". Au vu et au su de tout le monde, les agents de police de la circulation continuent à percevoir la corruption non seulement comme un "droit" pour ne pas contrôler certains véhicules de transport mais aussi en cas d'infraction d'un automobiliste, les amendes sont payées dans la rue.

"Qui ne sait pas que dans cette ville de Kinshasa, les roulages inventent parfois des infractions ou nous font commettre des infractions juste pour nous soutirer de l'argent. Et, comme souvent, je ne veux pas arriver à leur bureau pour me plaindre, ça se termine par un arrangement où tu glisses quelques billets à l'agent de police pour éviter de gaspiller ton temps", avoue un automobiliste victime plusieurs fois des tracasseries policières.

Autant dire que ni les policiers véreux encore les citoyens, personne ne s'abstient de pratiquer la corruption soit pour se remplir les poches, pour le cas des agents de police de la circulation, soit pour se soustraire à une infraction avérée.

  1. La corruption chez les agents de l'ordre. Ce qui est valable pour les agents de la police de circulation l'est aussi pour les agents de l'ordre, les policiers, qui, pour un 500 francs congolais, peuvent laisser les motos taxis exercer leur travail en violation du règlement de stationnement par exemple au niveau des parkings publics.
  1. La corruption dans l'administration publique. Comme sous l'ancien régime de Kabila, pour obtenir un service dans le délai normal dans l'administration publique, il faut donner quelques billets de banque aux fonctionnaires. Rien n'a changé depuis le 24 janvier 2019. De l'achat de passeport à une simple demande d'extrait d'acte de naissance, il faut toujours payer quelques billets pour bénéficier de ces services dans le délai.

"Si vous ne donnez rien à un agent de l'Etat, il faut attendre plusieurs jours pour obtenir le service demandé. Si vous donnez même 1000 franc congolais pour son transport, il va faire le travail. Mais, si vous ne donnez rien, vous n'obtiendrez pas le document en temps voulu,. Pourquoi ça ? ", se désole un parent venu chercher un passeport pour son fils au ministère des Affaires étrangères. 

  1. La corruption dans la passation des marchés publics. Le cafouillage de communication dans le chef de la présidence de la République sur le dossier du marché de construction d'un palais présidentiel attribué à une société nouvelle créée un mois auparavant est assez symptomatique. Alors que le porte-parole du chef de l’Etat parlait d'un document "falsifié" , le directeur de cabinet adjoint du chef de l’Etat, lui, a parlé d'un "torchon". Aucun communiqué de la présidence de la République n'a éclairé l'opinion sur cette question de construction d'un palais présidentiel et de la réhabilitation de l'ancien.
  1. Les révélations sur les grandes pratiques de corruption n'ont pas encore eu lieu, plus de cinq mois après l'avènement de Félix Tshisekedi. La Gécamines est toujours gérée dans l'opacité. Certains contrats douteux passés entre la Gécamines et certains miniers n'ont toujours pas été publiés. Les préconclusions de la mission du FMI, qui a séjourné du 22 mai au 5 juin 2019 dans le cadre des consultations au titre de l'article 4, ont recommandé une gestion transparente des revenus du secteur minier pour accroitre les capacités budgétaires du gouvernement. Ceci implique une lutte acharnée contre la corruption dans le secteur extractif et donc une transparence des contrats de la Gécamines.

Amédée MK

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