Le gouvernement va déposer incessamment le Projet de Budget 2020 à lAssemblée nationale pour examen et adoption. On le sait déjà, le Projet de Budget 2020 que les experts du gouvernement sont en train de finaliser est évalué à 7 milliards USD. Il se présente en équilibre, en recette et en dépenses, selon le compte rendu du Conseil des ministres tenu le vendredi 27 septembre sous la présidence du Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
« Sur base des indicateurs macroéconomiques retenus, lobjectif du gouvernement est pour des recettes de léquivalent de 7 milliards USD pour lexercice 2020. Aussi, le projet du budget 2020 est arrêté en équilibre, en recette et en dépense à hauteur de 11.853,4 milliard de francs congolais. Comparé au budget de lexercice 2019, chiffré à 10.352,3 milliards de Francs Congolais, il se dégage un taux daccroissement de 14,5% », indique le compte rendu fait par le porte-parole du gouvernement, Jolino Makelele.
Un budget modique face aux promesses
Pour beaucoup dobservateurs, les ambitions budgétaires du gouvernement contrastent avec les nombreuses promesses faites aux Congolais par le président de la République, Félix Tshisekedi.
De la gratuité de lenseignement de base à la gratuité des soins de santé pour les militaires en passant par la mise en uvre du Plan national du numérique, la modernisation de lagriculture, la création dun fonds de garantie pour soutenir les jeunes entrepreneurs, lindispensable augmentation des salaires des fonctionnaires, des militaires et des policiers non sans compter des travaux de construction dinfrastructure de base ou encore limpérieuse nécessité de pacifier lensemble de la RDC, sont des chantiers qui nécessitent beaucoup de moyen.
Certes, le gouvernement prévoit un endettement de 7,5 milliards USD durant les trois prochaines années pour soutenir ses politiques, au-delà des recettes locales à mobiliser. Il apparait tout de même que Félix Tshisekedi naura pas les moyens de concrétiser ses promesses, du moins durant lexercice 2020.
Dans son entretien accordé à New York à deux médias français, TV5 Monde et Le monde.fr, en marge de lassemblée générale de lONU, le chef de lEtat congolais pense financer « dans un premier temps » son programme avec « laide internationale » !
En effet, le cadre budgétaire à moyen terme 2020-2022 qui définit la trajectoire des finances publiques pendant cette (NDLR : discuté en juillet 2019 par lors du séminaire dorientation budgétaire) présente un montant global de 28,5 milliards USD au niveau des dépenses, soit 9 milliards en 2020; 9,5 milliards USD en 2021 et 10 milliards USD à 2022.
Pour mobiliser ces fonds, le gouvernement mise sur un endettement tant auprès des bailleurs de fonds traditionnels que sur le marché financier local et international. Les prévisions dendettement sont de lordre de 2,9 milliards USD pour lexercice 2020, de 2,3 milliards USD en 2021 et de 2,3 milliards USD en 2022. Ce qui donne un total de 7,5 milliards USD de dettes prévues entre 2020 et 2022.
La lutte contre la corruption en souffrance
Erreur de stratégie ou pas, le président de la République aurait dû mettre à contribution ses six premiers mois au pouvoir pour mettre en uvre des mesures essentielles pouvant endiguer la corruption qui reste un fléau national et la principale cause du sous-développement de la RDC.
La RDC perd chaque année 15 milliards USD à la suite de la corruption sur toutes ses facettes. Dès lors, lutter contre la corruption cest uvrer à la mobilisation accrue des recettes publiques. Ce que le nouveau pouvoir na pas encore fait visiblement au regard du Projet de budget que le gouvernement se prépare à présenter.
« La lutte sans concession contre la fraude fiscale, douanière, dans les secteurs économique, des télécommunications et des transports par la constitution déquipes mixtes à cette fin, lévaluation et laudit des contrats damodiation et de partenariat conclus avec les sociétés minières de lÉtat, plus de rigueur dans loctroi des exonérations, la réduction des taxes à lexportation de certains produits, le contrôle accrue dans le secteur des transports, la stricte application de la limitation du nombre des services opérant aux frontières, le marquage moléculaire du carburant, le renforcement du contrôle des Sim box et lautorisation donnée à lAutorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) de signer des contrats de partenariat avec des sociétés spécialisées », sont autant de mesures susceptibles de maximiser les recettes publiques et doter le gouvernement des moyens de sa politique.
Bien plus, la maximisation des ressources internes et externes par la mobilisation de lépargne intérieure privée, le déploiement du guichet unique, lémission des obligations du Trésor sur le marché financier international, la numérisation du cadastre et la sécurisation des titres fonciers, la mercuriale foncière et lamélioration de la collecte de limpôt foncier, laccélération de la migration vers la télévision numérique terrestre (TNT) en vue de libérer les fréquences devant servir à limplémentation de la 4G, le renforcement des sanctions positives et négatives à légard des agents du fisc et des opérateurs économiques par la libération des montants dus au titre de la rétrocession aux services générateurs des recettes, la répression des agents impliqués dans la fraude et la corruption, la déclaration du patrimoine des mandataires des régies financières avant et après leur mandat, sont tout aussi un train de dispositions déjà préconisées depuis janvier 2016, sous le premier ministre Matata Ponyo, pour accroitre les revenus de lEtat dans les cadre de « 28 mesures urgentes pour la stabilisation et la relance de léconomie nationale ».
A (RE) lire: https://deskeco.com/rdc-deficit-de-mise-en-oeuvre-des-28-mesures-urgentes-pour-la-relance-de-leconomie/
Au nom de la continuité de lEtat, Félix Tshisekedi devrait dès son arrivée actionner toutes ces mesures pour se doter des moyens nécessaires pour concrétiser son projet de société qui se résume par « le peuple dabord ».
Amédée Mwarabu