Le Think Thank « Congo Challenge Science » pose les jalons pour des chercheurs congolais nobélisables

PAR Deskeco - 24 juin 2019 15:13, Dans Actualités

La première édition du Forum « Congo Challenge Science »  se tient ce lundi 24 juin à l’hôtel Bella Riva à Kinshasa. Cette rencontre de portée scientifique réunit 45 étudiants issus de 12 universités de la République démocratique du Congo et des chercheurs en sciences économiques autour du thème principal : « Les exigences de la recherche à la frontière du savoir ».

Dans la première partie de la conférence, le professeur Augustin Matata Ponyo, initiateur de Congo Challenge Science, a exposé sur la thématique « D’Adam Smith à ce jour : Revue des grands enjeux et perspectives ».  Ici, l’orateur a passé en revue les grands théoriciens en l’occurrence Adam Smith, John Keynes ou encore Robert Lucas. Matata a démontré que de tous temps, des pays ont toujours appliqué les théories pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent.

Ensemble avec les étudiants, le conférencier a identifié des problèmes endogènes de l’économie congolaise et esquissé des réponses aux grandes questions qui se posent pour le développement de la RDC. Pour Matata Ponyo, l’objectif de ce forum est de voir comment appliquer les théories  afin de booster le décollage du pays.

« Les  politiques économiques dans tous les pays du monde fondent leurs actions sur la création des richesses. Produire les hommes c’est une chose. Produire les richesses pour nourrir la population c’est une autre chose. Je pense que les sciences économiques ont produit des théories des grands penseurs comme Adam Smith, Karl Marx, John Maynard Keynes, Malthus. Bref, il fallait travailler avec l’ensemble des étudiants parmi les meilleurs pour pouvoir réfléchir ensemble sur quelles sont les théories qui peuvent être appliquées par la RDC pour pouvoir créer la richesse afin de pouvoir diminuer la pauvreté. Là, nous avons vu par exemple que la théorie de John Maynard Keynes pouvait être appliquée. Les théories, d’une manière générale, des économistes classiques, peuvent être appliquées en RDC et permettre à ce pays de pouvoir créer des richesses. Il ne faut pas penser que les réserves minières constituent en soi une richesse. Sinon, la RDC serait un pays très riche au lieu d’être scandaleusement pauvre », a dit Matata Ponyo, se confiant à la presse après son premier exposé.

La théorie constitue la base du progrès

Le conférencier a soutenu que la théorie constitue toujours la base du progrès. « Les grandes nations ont été construites sur base des théories mais surtout des hommes qui ont pu mettre en pratique ces théories. Prenons la crise de surproduction de 1929 qui a ébranlé le monde entier. Le président Roosevelt avait mis en pratique la politique de John Maynard Keynes. A la base des solutions des problèmes posés il y a des théories. Thomas Malthus remarque que la croissance démographique est exponentielle et que la croissance économique est arithmétique. Il propose une solution… Vous pensez vraiment que si la Chine n’a pas fait la limitation de naissance, elle serait la deuxième puissance économique mondiale ? Donc, la théorie constitue toujours la base du progrès. Il faut que la RDC se rappelle que parmi ses meilleurs fils, il y a la possibilité de capitaliser ce qui est considéré comme le meilleur facteur de création des richesses, le capital humain.  L’objectif de Congo Challenge Science c’est justement de réveiller les uns et les autres qu’il faut tabler sur la qualité de l’éducation qui est le meilleur facteur de la croissance et de la création des richesses », a ajouté Matata Ponyo.

« Il n’y a des richesses que d’hommes »

Invité à cette conférence, le professeur Ngonga a exposé devant les étudiants sur le problème de la recherche et de la méthodologie à utiliser. « Il n’y a des richesses que d’hommes. Ce sont les hommes, l’élite formée, qui sont à la base des grands changements dans une société », a dit le professeur Vincent Ngonga.

Selon lui, « le niveau des débats a été élevé » avec les étudiants. « J’étais d’ailleurs agréablement surpris par les questions qui ont été posés par les étudiants finalistes par rapport aux enjeux et défis de notre économie », a-t-il confié à la presse.

Parlant des enjeux du développement de la RDC, le professeur Ngonga a souligné que le pays est sur la bonne voie. Cependant, pour persévérer dans cette trajectoire de croissance,  il faut des grandes personnes qui portent ces idées forces et qui les transforment en acte. « Souvent nous désespérons trop. Des grandes nations qui sont devenues des pays développés aujourd’hui l’ont été après un long processus. La Chine a pris quarante ans de croissance pour arriver au niveau où elle est aujourd’hui. L’Europe a pris trente ans de croissance forte ininterrompue pour arriver au niveau où elle est aujourd’hui. La RDC a amorcé un départ, depuis la reprise de la croissance en 2002. Ça fait aujourd’hui presque 17 ans. Donc, il faut persévérer dans cette voie. Mais pour persévérer dans cette voie, il faut avoir des grandes personnes qui portent ces idées forces et qui les transforment en acte. On ne peut le trouver que dans l’élite. L’objet de cet atelier est de former la masse critique des jeunes qui vont porter les grands débats sur l’agenda du développement de la RDC ».

La deuxième session de la conférence est centrée sur la thématique « Imaginons l’état de l’éducation en RDC en 2020 », animée toujours par le professeur Matata. Ici, il s’agit de se projeter dans 100 ans en mettant les bases nécessaires pouvant  permettre à ce que les facultés des sciences économiques de la RDC puissent héberger des étudiants, des chercheurs et des enseignants nobélisables. Et que dans 200 ans, la RDC puisse avoir un prix Nobel en sciences économiques.

Congo Challenge Science se présente comme un Think Thank congolais avec pour ambition de créer un réseau de compétences en se fondant uniquement sur le critère d’excellence.

Amédée Mwarabu

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