RDC : « le Grand Inga peut devenir le socle d’une industrialisation décarbonée en Afrique centrale », Félix Tshisekedi lors de Global Gateway

Barrage
PAR Deskeco - 10 oct 2025 07:26, Dans Actualités

Le Président de la République Démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, est intervenu ce jeudi lors du Global Gateway Forum, à Bruxelles, sur les différentes initiatives lancées par le gouvernement, telles que le grand Inga, positionnant la RDC comme un acteur central de la transition énergétique mondiale. 

Au cœur de son discours, il a présenté le projet hydroélectrique du Grand Inga comme un levier stratégique pour une industrialisation verte en Afrique centrale. 

« Fort d’un potentiel hydroélectrique unique, le Grand Inga peut devenir le socle d’une industrialisation décarbonée en Afrique centrale », a déclaré le chef de l’État congolais. Il a souligné que ce mégaprojet, situé sur le fleuve Congo, pourrait non seulement soutenir la croissance industrielle de la région mais aussi favoriser l’émergence d’usages d’avenir tels que l’hydrogène vert, le développement de corridors électriques régionaux et l’offre d’une énergie compétitive pour les services numériques.

Félix Tshisekedi a plaidé pour que le Grand Inga soit intégré au pipeline de financement de l’initiative européenne Global Gateway, un programme destiné à renforcer les infrastructures durables à l’échelle mondiale. Il a proposé l’adoption de mécanismes de financement innovants, incluant des garanties, des contrats d’achat d’électricité à long terme et une gouvernance exemplaire sur les plans environnemental et social.

« Je le dis avec la plus grande conviction, aucun agenda mondial de transition énergétique n’est crédible sans l’Afrique centrale. Il est donc temps de transformer ce constat en action », a martelé le président Tshisekedi, invitant les partenaires internationaux à une coopération concrète autour de ce projet structurant.

Le projet Grand Inga est l’un des plus ambitieux projets hydroélectriques du monde. Situé sur le fleuve Congo, dans la province du Kongo-Central, à environ 225 km de Kinshasa, il vise à exploiter le plus grand potentiel hydroélectrique de la planète, estimé à plus de 40 000 mégawatts, soit près d’un tiers du potentiel africain total.

L’idée de développer Inga remonte aux années 1970, avec la mise en service des barrages Inga I (1972) et Inga II (1982). Ces infrastructures, aujourd’hui partiellement réhabilitées, ont jeté les bases du Grand Inga, une série de six phases prévues pour transformer le fleuve Congo en un pôle énergétique continental.

Le projet a longtemps attiré l’attention de nombreux investisseurs et institutions internationales, Banque mondiale, Banque africaine de développement, Union européenne, Chine, Afrique du Sud, mais son financement a souvent été freiné par des enjeux politiques, environnementaux et de gouvernance.       

Dans sa vision renouvelée, la RDC souhaite positionner le Grand Inga comme un instrument de développement durable, en mettant en avant une électricité propre et abordable pour alimenter les industries locales, stimuler la création d’emplois et exporter l’énergie vers les pays voisins, notamment l’Afrique du Sud, la Zambie, le Nigeria et l’Angola.

En octobre 2023, la RDC avait déjà inscrit Inga dans la dynamique du Programme Global Gateway de l’Union européenne, en vue d’un co-investissement avec des garanties publiques et des financements à long terme, orientés vers des infrastructures durables. Le blocage principal reste l’alignement entre les ambitions politiques, les exigences environnementales, les garanties d’achat et la mobilisation de capitaux privés, dans un contexte sous-régional encore fragile.

L’inclusion du projet dans le cadre du Global Gateway constituerait une étape décisive pour attirer des investissements structurés et garantir une mise en œuvre respectueuse des standards internationaux. 

Vers une industrialisation verte de l’Afrique centrale     

À travers le Grand Inga, la RDC ambitionne de devenir le cœur énergétique de l’Afrique centrale, en favorisant une industrialisation décarbonée fondée sur les énergies renouvelables. Ce projet s’inscrit dans la dynamique mondiale de transition énergétique, où l’Afrique entend passer du statut de réservoir de ressources à celui d’acteur majeur de la production énergétique propre.     

Si le défi reste colossal, en termes de financement, d’infrastructures et de stabilité, la perspective d’un Grand Inga opérationnel symbolise l’espoir d’un développement africain autonome, vert et durable.

 Jean-Baptiste Leni 

Articles similaires