Un nouveau scandale de détournement de fonds publics implique cette fois-ci la société SEKERICO SARL dans le cadre du projet de réhabilitation et de modernisation de l'aéroport de Kavumu, dans la province du Sud-Kivu.
Selon une correspondance officielle adressée au ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, le député national Trésor Lutala Mutiki, élu de Mwenga/Sud-Kivu, tire la sonnette d'alarme sur un détournement présumé portant sur 5.369.942,19 USD, soit 30 % du montant total du contrat estimé à 17.899.807,29 USD.
Le contrat, signé en juillet 2023 entre le ministère des Transports, Voies de Communication et Désenclavement et la société Kenny Ritech Construction SARL/SEKERICO SARL, était destiné à la modernisation de l'aéroport régional de Kavumu, pour le désenclavement du Sud-Kivu.
Les fonds, débloqués par procédure d'urgence et logés à la Raw Bank depuis le 11 avril 2024, devaient initialement couvrir les frais d'études techniques et lancer les travaux sur le terrain, indique-t-il dans sa correspondance adressée au ministre de la Justice, dont une copie est parvenue à Deskeco.
Pourtant, à ce jour, aucun chantier n'a démarré, malgré les engagements contractuels et les espoirs nourris au sein de la population locale.
« Lors de ma descente à Kavumu le 18 janvier 2025, dans le cadre de mes vacances parlementaires, j'ai pu constater de mes propres yeux qu'aucun début de travaux n'avait été effectué », déclare-t-il dans la correspondance.
Face à cette situation, l'élu de Mwenga sollicite l'ouverture d'une procédure judiciaire contre la société bénéficiaire des fonds, ainsi que tous les autres complices présumés. Dans sa lettre, il interpelle directement l'État afin de faire la lumière sur ce dossier.
La réhabilitation de l'aéroport de Kavumu représente un enjeu stratégique pour le développement économique et l'accessibilité de la province, longtemps enclavée, martèle-t-il. Le silence autour du retard des travaux, malgré des communications rassurantes sur les réseaux sociaux, est aujourd'hui perçu comme une tentative de dissimulation.
À ce stade, ni le ministère des Transports, ni les représentants de la société SEKERICO SARL n'ont publiquement réagi aux accusations. Le ministère de la Justice, quant à lui, est désormais saisi officiellement et invité à diligenter une enquête afin d'identifier les responsabilités et rétablir les droits de la population du Sud-Kivu, conclut-il.
Jean-Baptiste Leni