Le président américain, Donald Trump, a annoncé, mercredi 9 avril 2025, la suspension pour trois mois des nouveaux tarifs douaniers annoncés au début du mois d’avril. La Maison Blanche a justifié cette décision par la volonté de privilégier la voie de coopération envisagée par certains États partenaires des États-Unis. Cependant, cette suspension n'inclut pas la Chine.
Dans son communiqué, Washington a annoncé une augmentation à 125 % des droits de douane pour tout produit en provenance de la Chine, renforçant ainsi la guerre commerciale entre ces deux grandes puissances économiques.
Pour l’économiste congolais Al Kitenge, interrogé ce jeudi 10 avril 2025 par Deskeco, la décision des États-Unis de suspendre ses nouveaux tarifs douaniers relève d’un caractère « souverain », mais il déplore tout de même l’augmentation à 125 % des droits de douane pour la Chine.
Selon cet expert en économie, cette augmentation constitue un déséquilibre géopolitique et va certainement pénaliser la République démocratique du Congo, d’autant plus que son économie dépend fortement de l’importation de produits chinois. « Nous recevrons des chocs indirects », prévient-il.
« C’est une décision souveraine de l’État américain. Il recherche le contrôle de son espace industriel, en essayant de faire revenir sur son territoire les industries qui ont été délocalisées. C’est aussi une question géopolitique. S’il y a un déséquilibre géopolitique, nous allons le ressentir, parce que l’Amérique va imposer des coûts à la Chine, et la Chine a un impact extrêmement important sur notre économie. Nous recevrons des chocs indirects », déclare-t-il.
Concrètement, l'augmentation de 125 % des droits de douane sur les produits chinois aux États-Unis incitera la Chine à adopter des mesures de réciprocité sur ses propres produits, afin de protéger ses profits et éviter une défaite économique. Par conséquent, les pays fortement dépendants des importations en provenance de Chine verront les prix de ces produits augmenter. Cette situation entraînera inévitablement une inflation sur les marchés locaux.
« Notre fragilité, c’est que nous importons tout et n’importe quoi. Notre stabilité et notre résilience résident dans notre capacité à produire localement le maximum de biens que nous pouvons fabriquer nous-mêmes, notamment dans le domaine des logistiques », conseille-t-il.
Dans une interview donnée au lendemain de l’annonce des nouveaux tarifs douaniers, Al Kitenge avait appelé le gouvernement congolais à promouvoir la production et la transformation locale de biens de consommation courante, essentiellement la nourriture. D'après lui, il est « ridicule » que la RDC importe même des denrées alimentaires.
« Ce qu'il faut faire, c'est produire localement, transformer localement, professionnaliser les filières, et par-dessus tout, il faut de l'énergie », avait confié Al Kitenge.
Jean-Baptiste Leni
