Sommet EAC-SADC : malgré un cessez-le-feu immédiat annoncé, certaines résolutions accablent encore pour la mise en terme définitive de cette guerre de pillage des ressources minières

PAR Deskeco - 10 fév 2025 09:32, Dans Actualités

Les États de la communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), ainsi que ceux de la communauté du développement de l'Afrique australe (SADC), se sont réunis samedi 8 février 2025, en Tanzanie, pour tenter de trouver des pistes de solution pour la décrispation de la crise de l'insécurité dans l'est de la République démocratique du Congo, marquée par des avancées significatives des rebelles du M23 vers la province du Sud-Kivu, après la prise de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Pour rappel, la RDC fait face à une guerre imposée par le Rwanda et ses alliés étrangers, dont l'Union européenne et certaines firmes internationales, parmi lesquelles l'entreprise américaine Apple, fabricant de la marque iPhone, pour piller ses ressources minières. 150 tonnes de coltan, par exemple, sont exportées illicitement chaque mois de la région de Rubaya vers le Rwanda, selon le rapport des experts des Nations-Unies.

Ce sommet EAC-SADC a donné naissance à plusieurs résolutions, dont un cessez-le-feu "immédiat" et "non conditionnel", la cessation des hostilités, ainsi que l'ouverture de l'aéroport de Goma. Des résolutions qui semblent soulager le gouvernement congolais face aux avancées du M23.

Par contre, d'autres résolutions, telles que la fusion du processus de Luanda avec le processus de Nairobi, visant à recommander au gouvernement congolais de se mettre autour d'une même table avec ces rebelles et de discuter, vont certainement heurter les sensibilités. Cette résolution a été émise plus particulièrement par les chefs d'État de la communauté de l'Afrique de l'Est, dont Yoweri Museveni, président de l'Ouganda.

Du côté congolais, cette résolution n'a jamais été acceptée, à moins que le gouvernement congolais ait changé de position. Le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi a toujours indiqué que le M23 était une "coquille vide" utilisée par le président rwandais pour piller les ressources minières de la République démocratique du Congo. Le 18 janvier 2025, lors de son échange de vœux avec les ambassadeurs accrédités en RDC, le chef de l'État congolais avait déclaré :

« Permettez-moi d’être parfaitement clair : la RDC ne se soumettra jamais, jamais, aux pressions d’acteurs extérieurs qui imposent des conditions contraires à nos intérêts et à notre souveraineté. Nous ne cessons de réaffirmer notre position : le dialogue avec un groupe terroriste comme le M23 est une ligne rouge que nous ne franchirons jamais. »

Une autre chose à préciser : au cours de ce sommet, aucune partie, ni de l'EAC, ni de la SADC, n'a condamné le Rwanda pour son soutien aux rebelles du M23, qui ont déjà massacré des milliers de Congolais dans la région. Du côté congolais, cette hypocrisie est mal perçue.

« Nous savons tous que, dans ce genre de sommet, les mots sont choisis avec soin. Cela, nous le déplorons vivement parce qu'il s'agit ici de la vie de milliers de Congolais », a déclaré Tina Salama, porte-parole du président de la République démocratique du Congo.

Si le gouvernement congolais maintient sa position de ne pas discuter directement avec le M23, ce sommet n'atteindra donc pas son résultat escompté, celui de tenter de mettre les deux parties autour de la table pour la stabilisation de l'Est de la RDC.

Du côté rwandais, les résolutions de ce sommet sont plutôt une satisfaction. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a d'ailleurs indiqué que cette réunion représentait un sommet « historique et réussi », proposant « des mesures immédiates, à moyen et long terme, pour la restauration de la paix et de la sécurité à l'est de la RDC ».

D'autres résolutions incluent : cinq jours sont accordés aux chefs militaires pour fournir des directives pour le cessez-le-feu immédiat et inconditionnel annoncé ; le sommet SADC-EAC ordonne, dans les 30 jours, la tenue d'une réunion d'évaluation du rapport des chefs des forces de défense sur le cessez-le-feu et la surveillance de la mise en œuvre des décisions du sommet. Le sommet exige également l'élaboration de modalités pour le retrait de toute force étrangère non invitée sur le territoire congolais.

Jean-Baptiste Leni

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