Dans son rapport en marge de la 29ème Conférence internationale sur le climat (Cop 29), qui se tient du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan, le groupe de la Banque africaine pour le développement (BAD) a estimé à 6 200 milliards de dollars américains (USD) le capital naturel de ses écosystèmes.
Ce chiffre résulte principalement des forêts africaines, qui contribuent activement à la stabilisation du changement climatique dans le monde, notamment à travers la séquestration de carbone, le contrôle de la pollution, la rétention de l’eau et la fertilité des sols.
Selon le rapport, si le PIB africain était évalué à 2 500 milliards seulement en 2018, les ressources naturelles africaines régénéraient des valeurs 2,5 fois supérieures à cette valeur de PIB. En cas de réajustement, en 2022, les hypothèses présentées dans le rapport du groupe de la Banque africaine révèlent que ce chiffre pourrait être augmenté à 66,1 milliards de dollars, en tenant uniquement compte de la séquestration du carbone. Le total pourrait alors largement dépasser le PIB de 42 pays africains.
Pour Akinwumi Ayodeji Adesina, président élu du Groupe de la BAD, cette raison devrait suffire à intégrer les ressources naturelles africaines, notamment les forêts, dans les produits intérieurs bruts africains (PIB), vu leurs valeurs financières, afin qu’elles soient honorées à leur juste valeur.
« Alors que le PIB de l’Afrique était estimé à 2 500 milliards de dollars en 2018, ce chiffre était 2,5 fois inférieur à la valeur estimée de son capital naturel, évaluée à 6 200 milliards de dollars, incluant en partie une certaine évaluation des services écologiques », a-t-il souligné. Il a ajouté que « sur la base d’hypothèses très prudentes, le PIB nominal de l’Afrique en 2022 aurait pu être augmenté de 66,1 milliards de dollars si l’on avait ajusté les chiffres en ne tenant compte que de la séquestration du carbone. C’est plus que le PIB combiné de 42 pays africains », a-t-il indiqué.
Le groupe de la Banque africaine a par ailleurs déploré le fait que les ressources naturelles africaines ne soient pas valorisées à leur juste titre par les États les plus industrialisés, qui sont considérés comme des États pollueurs. Pourtant, elles contribuent à l’amélioration de l’écologie, notamment à travers le carbone.
Selon Akinwumi Ayodeji Adesina, le prix du carbone est élevé et pourrait atteindre 200 dollars par tonne, en raison des normes strictes d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne. En revanche, le prix du carbone en Afrique pourrait être aussi bas que 3 à 10 dollars la tonne.
« Par conséquent, l’Afrique est sous-payée pour le carbone, pour la simple raison que ses puits de carbone sont sous-évalués », a-t-il martelé.
En perspective, les chefs d’États africains ayant pris part à cette conférence sur le changement climatique ont annoncé la mise en place d’une alliance mondiale solide avec les autres États en développement, dont ceux d’Amérique latine, des Caraïbes et d'Asie. L’objectif sera de prendre en compte le capital naturel africain dans le PIB des États.
Jean-Baptiste Leni