Les Congolais lambda, les acteurs de la Société civile et voire même certains acteurs politiques croient profondément et dure comme fer, que la solution au problème du déficit énergétique et du faible taux d’accès à l’énergie électrique, en République Démocratique du Congo demeure la construction du barrage Inga 3. Nous n’hésiterons pas, un seul instant, à leur dire qu’ils se trompent et qu’ils ont tout intérêt à revoir leur fusil d’épaule. En s’appuyant sur le projet Inga 3, les décideurs congolais et certains acteurs de la société civile condamnent, sans le savoir, des millions de congolais à vivre toute leur vie dans le noir, c’est-à-dire sans énergie électrique. Loin de nous l’idée d’effrayer qui que ce soit ni de soulever un débat de société ; nous voulons tout simplement éclairer la lanterne des uns et des autres sur cette problématique, qui est très cruciale pour le développement urbanorural en République démocratique du Congo.
Pour ceux qui ne le savent pas, il faut noter que l’Union Africaine a des projets phares pour la concrétisation de l’Agenda 2063. Lesdits projets font référence à des programmes et initiatives clés qui ont été identifiés comme essentiels, pour accélérer la croissance et le développement de l’Afrique, ainsi que pour promouvoir l’identité commune en célébrant l’histoire et la culture dynamique Africaine.
Outre le réseau intégré de trains à grande vitesse, la formulation d’une stratégie africaine sur les produits de base, la création de la zone de libre-échange continentale, le passeport africain et la libre circulation des personnes, le projet du Grand barrage de l’Union Africaine veut mettre en œuvre le projet Grand Inga. Si dans l’esprit des acteurs politiques et des acteurs de la société civile, le projet Inga 3 vise à dissiper la question du déficit énergétique uniquement en RDC, comme nous l’avons indiqué ci-haut, nous leur disons qu’ils se trompent, car pour les experts de l’Union Africaine, le développement du barrage Grand Inga vise à soutenir les pools énergétiques régionaux actuels et leurs services combinés, afin de transformer l’Afrique des sources d’énergie traditionnelles en sources modernes et de garantir l’accès de tous à une électricité propre et abordable.
Il suffit de visiter le site du service infrastructure et Energie de l’Union Africaine pour se rendre compte que pour l’Union africaine, le principal objectif des stratégies et initiatives de développement énergétique en Afrique est d’accroitre l’accès des populations Africaines à l’énergie, d’améliorer leurs moyens de subsistance et d’assurer un environnement durable. C’est dans cette optique que l’Union africaine a mis en œuvre l’initiative Hydropower 2020 pour promouvoir le développement du potentiel hydroélectrique de l’Afrique. Dans cette même lancée, l’Union africaine veut faciliter et plaider pour le développement du projet hydroélectrique de Grand Inga comme l’un des projets de l’Agenda 2063 de l’UA.
Il est temps que les acteurs politiques congolais et ceux de la société civile puissent se réveiller de leur profond sommeil et dire la vérité aux communautés locales. Certes, le projet va s’implémenter sur le territoire congolais et qu’il est tout à fait normal que la République démocratique du Congo puisse prendre le leadership du projet Inga 3 mais cela ne fait pas d’elle ni moins de sa population, les principales bénéficiaires de l’énergie qui sera issue de ce projet. Car en échangeant avec certains acteurs de la société civile congolaise, nous sommes inquiets de constater qu’ils sont convenus que le projet Inga 3 est un projet Congolais et fait pour les congolais. Cette ignorance nous oblige à apporter ces éclairages.
Quelle est l’alternative pour Inga 3 ?
Comme indiqué ci-haut, le temps de la vérité a sonné. Nos acteurs politiques et ceux de la société civile doivent nous proposer des alternatives à Inga. Pour nous, les alternatives sont déjà disponibles, il s’agit des micros centrales hydroélectriques. Mais nous basant sur la terminologie en usage au Ministère des Ressources Hydroélectriques et de l’électricité de la RDC, notamment dans son Atlas des énergies renouvelables, il y lieu de noter qu’il existe des pico centrales dont la puissance varie de 0 à 20 Kw, des microcentrales de 21 à 500 Kw, des mini centrales de 501 à 2000 Kw etc…
La République démocratique du Congo a, maintenant, intérêt à surfer les alternatives susmentionnées pour booster son électrification à grande échelle sur le plan national. N’est-il pas possible que la RDC puisse asseoir sa stratégie autour des pico, micro ou mini centrale ? Tout en sachant que le fonctionnement reste le même, à savoir capter la force motrice de l’eau pour produire de l’électricité. L’eau cumulée dans les barrages ou dérivées par la prise d’eau, constitue une énergie potentielle disponible pour entrainer en rotation la turbine.
La chose la plus importante, à notre avis, est de retenir que la puissance disponible est la conjonction de deux facteurs, la hauteur de la chute et le débit du cours d’eau. Ces deux facteurs sont indispensables pour la récupération de l’énergie hydraulique disponible et dépendent directement de la topographie du site à exploiter. Ils doivent faire l’objet d’études préalables pour déterminer le projet d’aménagement.
Les micro centrales constituent la bonne alternative
A chacun de trouver quelle est la bonne alternative pour Inga 3. A notre avis, nous pensons que les micro centrales constituent la bonne alternative. Il sied de noter que pour mieux aménager cette centrale, l’accent doit être mis sur l’impact environnemental. Aussi, il faut examiner d’autres points principaux indispensables notamment : l’identification du site à exploiter, l’évaluation de la ressource en eau et du potentiel énergétique, la sélection des points d’implantation des ouvrages et définition de l’aménagement de la base, l’évaluation des impacts sur l’environnement et des mesures de compensations, l’évaluation économicofinancier du projet et les besoins de financement ainsi que le cadre institutionnel et procédure administrative pour obtenir les autorisations.
Dans la deuxième partie de cet article, nous reviendrons sur les différentes phases de construction d’une micro centrale hydroélectrique. Pour l’heure, il faut noter que les différents points indiqués ci-haut doivent être scrutés par la société civile, qui se veut porte-parole des communautés locales. Dans tous les coins où seront érigées les microcentrales hydroélectriques, nous assisterons à l’impact sur l’environnement. D’où, il faut en être regardant pour sécuriser les communautés locales.
Raymond Luneko, expert.