RDC : "la prépondérance de l'informel en économie, la grande circulation du cash, le faible taux de bancarisation, l'absence d'identité sûre... favorisent les flux financiers illicites au pays" (Jimmy Kande)

News Forum d'ACTUALITE.CD
Jimmy Kande, Patrick Muyaya et Pasi Zapamba au News Forum d'ACTUALITE.CD
PAR Deskeco - 09 déc 2021 00:23, Dans Actualités

Jimmy Kande, ancien gestionnaire et analyste du risque crédit pendant 6 ans à la BCDC, chercheur en économie politique au Groupe d’étude sur le Congo (GEC), a fait partie de 3 panelistes qui ont animé le News Forum d'ACTUALITE.CD organisé ce mercredi 8 décembre à l'hôtel Sultani, avec l'appui d'OSISA RDC. C'était en marge d'un atelier d'échanges multiacteurs sur la lutte contre les flux financiers illicites, le blanchiment d'argent et le rôle du système financier.

Dans son exposé, il a énuméré les éléments qui occasionnent les flux financiers illicites en RDC. 

"La RDC est très exposée à plus de risques des flux financiers, premièrement, à cause du caractère de son économie qui fait face à une prépondérance de l'informel. Il y a beaucoup d'activités qui ne sont pas contrôlées. Plusieurs activités économiques ne passent pas dans les circuits officiels. Il y a aussi la grande circulation du cash qui expose la RDC a des flux financiers illicites. Lorsque les opérations ne passent pas par les circuits bancaires, on ne sait rien contrôler. Le taux de bancarisation en RDC avoisine à peine 6% d'une population de plus de 80 millions. Imaginez les flux financiers illicites qui passent dans les 94% des gens non bancarisés. Personne ne peut savoir combien d'argent passe par cette catégorie des gens non bancarisés", a dit Jimmy Kande.

Il pense également que le manque d'identification et la corruption généralisée sont également les éléments provocateurs des flux financiers illicites en RDC.

"Il y a également l'absence d'identification. On ne sait pas aujourd'hui identifier les personnes qui viennent à la banque. Le gouvernement doit doter le congolais d'une carte d'identité sûre pour pouvoir lutter contre les flux financiers illicites. Ainsi que la corruption généralisée qui caractérise la RDC. Congo Hold-Up montre comment est-ce que les flux financiers illicites pouvaient provenir des entreprises publiques dans de manière très légales pour finir dans les poches des individus. Il y a également l'exploitation illégale des ressources minières", a-t-il ajouté.

Par ailleurs pour lutter contre ce phénomène, Jimmy Kande estime qu'il faudrait restructurer l'économie congolaise - de manière à freiner sa dépendance à l'informel - renforcer la loi portant lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

"Pour arriver à lutter contre les flux financiers illicites, il ya plusieurs choses à faire. Il faudrait commencer par restructurer notre économie parce qu'il y a eu une part prépondérante de l'informel qui fait qu'il y a beaucoup de flux financiers qui ne sont pas contrôlés par l'Etat. On doit également renforcer la loi de 2004 portant lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme qui est devenue obsolète. Cette loi ne tient plus compte d'un certain nombre de réglementations internationales", propose-t-il. 

En outre, il a appelé les autorités politiques à faire preuve de la volonté politique et de doter les organes de lutte contre la corruption des moyens nécessaires  pour endiguer les flux financiers illicites.

"Il faudrait également de la réelle volonté politique pour lutter contre ce fléau. Car les plus grands acteurs qui sont impliqués dans les flux financiers sont des politiciens et des opérateurs économiques qui bénéficient d'une certaine couverture des acteurs politiques. On a beaucoup d'organe de lutte contre la corruption qui sont là mais qui ne font pas correctement leur travail. La CENAREF par exemple ne dispose pas des moyens pour faire son travail. Le gouvernement doit mettre les moyens à la disposition de ces organisations", a-t-il ajouté.

L’objectif du News Forum d'ACTUALITE.CD était d’échanger sur des solutions permettant de lutter contre l’hémorragie fiscale que ces flux illicites provoquent. Outre Jimmy Kande, le ministre de la communication et des médias Patrick Muyaya et le député national Pasi Zapamba faisaient partie des panelistes.

Jordan MAYENIKINI

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