On compte aujourd'hui 5 mois depuis que le chef de l'État, Félix Tshisekedi, avait instruit le gouvernement, lors de la 46ème réunion du Conseil des ministres, d'exécuter sans délai sa décision de fermeture immédiate des ports privés illégaux et clandestins à Kinshasa et dans la province du Kongo Central.
Félix Tshisekedi avait attiré l'attention du gouvernement sur la réglementation en vigueur en RDC qui encadre strictement l’activité des ports du fait que ceux-ci sont traditionnellement considérés comme des « ports services », où l'autorité portuaire s'occupe de tous les services opérationnels du port. Il avait relevé qu’en violation de cette réglementation, de nombreux ports privés sont créés en toute illégalité et fonctionnent en marge de la légalité et des principes régissant le domaine public de l’Etat.
De ce fait, dans sa communication au cours de la 52ème réunion du Conseil des ministres, il était revenu sur sa décision de fermeture immédiate de ces ports. Malheureusement, jusque-là, ces ports continuent de fonctionner.
Pour sa part, le président de l'Intersyndical de la SCTP (ex-Onatra), Armand Osasse, accuse le ministre des Transports et Voies de communication, Didier Mazengu, qui appartient à la famille politique FCC, de bloquer la décision du chef de l'État. Il espère que la fin de la coalition au pouvoir, FCC-CACH, va permettre l'application de la décision de Félix Tshisekedi.
"Le ministre FCC bloque la décision du Chef de l'Etat. Nous espérons qu'après la déchéance de Mabunda et le départ des ministres FCC du gouvernement, cette décision sera mise en application. Le président de la République doit mettre en place un nouveau gouvernement qui va permettre la fermeture de ces ports clandestins et illégaux. L'obstacle, c'est le FCC. Je pense que le président ne reculera jamais sur sa décision", a confié Armand Osasse à DESKECO.COM.
Les ports privés construits à quelques encablures du port international public de Matadi, notamment MGT, SCOPE, KUTUALA, VAKUYANGU et d’autres, sont à la base de la chute des recettes de la SCTP. La plupart de ces ports privés ont pour tenanciers des proches de l'ancien président Joseph Kabila.
Quid de la gestion et difficultés des ports en RDC
La desserte maritime de la RDC est assurée à travers les ports maritimes de Matadi, Boma et Banana. Ces trois ports sont placés sous la gestion de la Société commerciale des transports et des ports, qui joue le rôle de l’Autorité portuaire.
De ces trois ports maritimes, Matadi est de loin le plus important avec plus de 90% du trafic non pétrolier. Banana est situé à la presqu’île de Banana à l’embouchure du fleuve. Boma est à plus ou moins 90 Km de l’embouchure et à 60 Km de MATADI.
Le faible rendement de ces ports s’explique par plusieurs difficultés notamment la désuétude de vieilles grues et quelques bateaux légers qui ont l’habitude d’accoster difficilement ; la menace d’érosion et de rupture de la route d’accès à certains ports ; l’insuffisance du quai en capacité de stockage pour entrepôt fermé ou espace d’entreposage des conteneurs ; le délabrement de l’entrepôt nécessitant réhabilitation, déplacement et agrandissement ; l’absence de balisage dans le voisinage du port.
A ces difficultés, il faut ajouter la concurrence non seulement avec les ports privés mais aussi le port de Pointe Noire dans le Congo d’en face.
Ainsi, estiment certains observateurs, le Gouvernement congolais devrait aussi débloquer des fonds nécessaires pour rendre ces ports plus viables en tenant compte de critères requis dans le domaine.
Jordan MAYENIKINI