Lors de son adresse à la nation ce vendredi 23 mai 2025, Joseph Kabila, ancien président de la RDC, a dénoncé l’aggravation des pratiques de corruption et de détournement des deniers publics qui, selon lui, ont atteint « un niveau inédit ».
Joseph Kabila fustige également la mauvaise gestion des finances publiques, caractérisée notamment par l’endettement public dont il affirme avoir maîtrisé en 2010, mais qui a « de nouveau grimpé en flèche, dépassant la barre de 10 milliards de dollars ». La situation de la dette, estime le patron du PPRD, suscite « des inquiétudes légitimes quant à la solvabilité à moyen et long terme du pays ».
Les conséquences sociales sont tragiques.
« Aggravation du chômage, accumulation des arriérés de salaires des agents de l'État, baisse drastique du niveau de vie de la population et recrudescence du banditisme urbain, de l'exode rural et de la famine dans un nombre croissant de provinces », regrette l’ancien chef de l’État.
Selon plusieurs rapports, des millions de dollars destinés à divers projets sont détournés en toute impunité, depuis l’avènement de Félix Tshisekedi au pouvoir. Les actes de corruption ont également atteint des proportions inquiétantes. Parmi les cas les plus scandaleux, la coalition « Le Congo n’est pas à vendre » (CNPAV) a récemment recensé entre autres :
• L’affaire des « Jeux de la Francophonie », organisés du 28 juillet au 6 août 2023 à Kinshasa. Les budgets alloués ont dépassé de 324 millions de dollars, sur une prévision de 48 millions de dollars, dont 78 millions pour les opérations et 246 millions pour les investissements. Ces forfaits ont été dévoilés par l’Inspection générale des finances (IGF), à travers une enquête.
• La taxe RAM : Les fonds issus de la taxe RAM (Registre des appareils mobiles) ont été gérés en dehors du circuit formel de gestion des finances publiques, créant une instabilité économique avec le détournement de millions de dollars non retracés dans le budget de l’État.
• La corruption lors des dernières élections indirectes (sénateurs et gouverneurs des provinces). Les candidats ont été accusés d’avoir distribué de l’argent et des cadeaux aux élus du peuple, parfois avec les ressources de l’État.
• Le détournement de 300 millions de dollars par les agents du ministère de la Santé. Ce fonds concernait l’achat de médicaments, d’équipements médicaux et le financement d’une campagne de sensibilisation.
• Le détournement de 14,45 millions de dollars en 2022 des fonds de redevances minières dans le secteur de Luilu, dans la province de Lualaba.
• L’affaire des forages, où près de 400 millions de dollars destinés à la construction de 1 000 stations mobiles de traitement d’eau et de forage ont été détournés.
Bruno Nsaka