La plateforme des organisations de la société civile « Le Congo n'est pas à vendre » (CNPAV) a, dans un communiqué de presse publié ce jeudi 22 mai 2025, exprimé ses craintes concernant le nouveau projet de 52 blocs pétroliers annoncé le 2 mai 2025 par le gouvernement. Pour le CNPAV, l'ouverture de ce projet paraît « précipitée » et pourrait rencontrer d'importants risques financiers et environnementaux, en raison de l'absence de garanties en matière de transparence, de viabilité économique et de protection de l'environnement.
« Alors que l'appel d'offres de 2022 avait été annulé pour irrégularités, le gouvernement relance aujourd'hui un processus encore plus risqué, en attribuant certains blocs de façon directe, sans appel d'offres compétitif, sans publication des contrats et sans consultation des communautés concernées », dénonce cette structure.
Face à la transition énergétique mondiale, où la demande en pétrole risque de diminuer dans les années à venir, le CNPAV estime que ce nouveau projet pourrait s'avérer non rentable pour le Trésor public congolais.
« Dans le contexte de transition énergétique mondiale, la demande en pétrole est appelée à baisser dans les 5 à 10 prochaines années pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, ce qui présente un risque que ces projets deviennent non rentables avant même leur mise en production », met en garde le CNPAV.
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« Pire encore, si l'État congolais s'engage dans des garanties de rentabilité ou des clauses de stabilisation fiscale, il pourrait se retrouver endetté pour des projets qui ne génèrent aucun revenu. Ce scénario a déjà été observé dans le cas de Dig Oil, où l'État congolais a été condamné à payer 670 millions de dollars alors qu'il n'a rien gagné dans ce projet. »
Il convient de souligner que la fiscalité en RDC est souvent jugée trop lourde, une préoccupation régulièrement soulevée par plusieurs ONG et même par certains membres du gouvernement. Par ailleurs, cette structure déplore l'absence d'études préalables avant l'attribution et l'ouverture des blocs pétroliers, soulignant un manque de planification et d'évaluation des impacts.
« De plus, plusieurs blocs sont situés dans ou près de zones écologiquement sensibles, comme des aires protégées et des bassins fluviaux. Pourtant, aucune étude d'impact environnemental indépendante n'a été publiée, en violation des lois congolaises et des engagements internationaux », déplore-t-elle.
Le gouvernement, de son côté, demeure ferme. Dans une récente interview, le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, a souligné que « le gouvernement ne reculera plus », précisant qu'il s'est inspiré des contraintes rencontrées avec le premier bloc pétrolier, notamment concernant les études sismiques préalables et une fiscalité moins attractive.
« Lors de la clôture du processus le 11 octobre 2024, nous avions annoncé que nous relancerions ce processus en tenant compte des conseils et recommandations reçus. Nous avons commencé par la cuvette centrale où nous avons "détoxifié" nos blocs, c'est-à-dire que nous avons retiré toutes les aires protégées », a-t-il expliqué lors de cet entretien.
Jean-Baptiste Leni