L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) estime que la condamnation du Premier ministre honoraire Augustin Matata Ponyo et de ses coaccusés constitue un avertissement à l’intention de tous ceux qui portent atteinte aux finances publiques de la République démocratique du Congo. Cette ONG a également salué le verdict de la Cour constitutionnelle dans cette affaire du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo.
« La condamnation de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo et consorts est un avertissement lancé à tous les prédateurs des finances publiques. Nous félicitons la Cour et suivrons l’exécution effective de la décision », a écrit l’ACAJ mardi soir sur son compte X (ex-Twitter).
Le verdict est tombé mardi 20 mai : l’ex-Premier ministre Augustin Matata Ponyo, actuellement député national, a été condamné à 10 ans de travaux forcés, peine qui se transformera en 10 ans de prison ferme selon la législation congolaise.
Cette décision judiciaire repose sur des accusations, notamment son implication dans le détournement de plus de 200 millions de dollars américains. Parmi cette somme, 89 millions de dollars seraient directement liés à l’ancien Premier ministre ainsi qu’à Déogratias Mutombo, l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC).
« Sur les 279 millions de dollars décaissés par le Trésor public, seuls 34 millions de dollars ont été réellement alloués aux activités du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo », a déclaré le président de la Cour constitutionnelle, Dieudonné Kamuleta.
Parmi les autres sanctions, on relève aussi l’interdiction d’exercer le droit de vote et de se porter candidat pendant cinq ans, l’exclusion des fonctions publiques et paraétatiques, ainsi que la privation du droit à la commutation de peine et à la grâce pour les accusés Matata Ponyo et Déogratias Mutombo.
La Cour a également ordonné la confiscation des biens au prorata des sommes détournées par chacun des condamnés. Outre la condamnation à 5 ans de travaux forcés pour Grobler Christo Stephanus, le patron de la société sud-africaine Africom qui avait acquis des parts importantes dans l’exécution des travaux du projet, l’expulsion du territoire national a été prononcée à son encontre.
Le procès de l’affaire Bukanga-Lonzo avait suscité de vives tensions entre deux institutions. L’Assemblée nationale exigeait que la Cour constitutionnelle demande la levée de l’immunité parlementaire du député Matata Ponyo, celui-ci étant actuellement député national. La Cour, quant à elle, estimait que le prévenu Matata était jugé en tant qu’ancien chef du gouvernement. »
César Olombo