Une partie de la ville de Kinshasa fait face, depuis la semaine passée, à d'importantes inondations dues aux pluies diluviennes qui se sont abattues dans la nuit du 4 au 5 avril sur la capitale congolaise et qui ont gonflé la rivière N'djili. Selon le bilan provisoire, plus de 30 personnes y ont péri, et d'énormes dégâts matériels ont été enregistrés.
Intervenant lors d'un briefing spécial organisé le lundi 7 avril en soirée, le ministre des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gisaro, a attribué cette montée des eaux au dérèglement climatique.
« Vous savez qu'aujourd'hui nous vivons un phénomène mondial, qui est celui du dérèglement climatique, et qui frappe indistinctement toutes les parties du monde. C'est un phénomène que connaît aujourd'hui notre ville, Kinshasa, et les observateurs peuvent constater que c'est un phénomène qu'on observe en Occident, dans tous ces pays modernes qui ont peut-être des infrastructures plus développées que les nôtres mais qui n'ont pas échappé à ces inondations malgré toutes les infrastructures existantes », a-t-il déclaré.
La montée des eaux était-elle prévisible ?
À cette question, le ministre des Travaux publics en République démocratique du Congo répond par la négative, malgré les prévisions de l'Agence nationale de météorologie et de télédétection par satellite (METTELSAT).
« Prévisible, sûrement pas, parce qu'il s'agit là d'une catastrophe naturelle », a-t-il répondu dès sa prise de parole.
Pourtant, dans son rapport publié en février 2025, l'Agence nationale de météorologie et de télédétection par satellite (METTELSAT) l'avait prédit.
« Notre prévision était basée sur l'analyse saisonnière que nous avons effectuée pour les mois de mars, avril et mai. Cette prévision indiquait une tendance excédentaire des précipitations à Kinshasa, au Kongo-Central et dans l'Équateur. Nous devons nous attendre également dans le Haut-Uele, le Bas-Uele, l'Ituri et les deux Kivu à des inondations et à des montées des eaux dues à des pluies excessives », a expliqué à ACTUALITE.CD Augustin Tagisabo, chef de division au centre météorologique chargé de la prévision du temps à METTELSAT.
Quant à la thèse du ministre Alexis Gisaro attribuant ces inondations au dérèglement climatique, cette structure la soutient néanmoins.
« Nous sommes en saison des pluies, ce qui entraîne des précipitations abondantes. Avant cette saison, on a enregistré des vagues de chaleur importantes à Kinshasa et dans toute la RDC. Ces fortes chaleurs favorisent le développement de nuages convectifs localement, sans compter les situations synoptiques que nous avons décrites », reconnaît-il.
Par ailleurs, le ministre des Infrastructures et Travaux publics admet la responsabilité du gouvernement dans la prévention de ces catastrophes naturelles, de plus en plus récurrentes à Kinshasa.
« Au-delà de la catastrophe, il faut apporter des réponses. C'est là que le gouvernement intervient pour atténuer, dans la mesure du possible, les dégâts et les conséquences subies par la population. Prévisible, non, mais la réponse doit être apportée par le gouvernement », a-t-il souligné.
Ces pluies se sont également abattues sur la province voisine du Kongo-Central, endommageant la principale route qui y mène. Le ministre indique avoir dépêché une équipe sur place pour évaluer la situation.
Ce n'est pas la première fois que la capitale congolaise est touchée par des inondations meurtrières. Début 2024, elle avait déjà subi la crue du fleuve Congo, causant d'importantes inondations. Actualité.cd avait alors organisé une exposition photographique sous le thème « Urbanisation sauvage et dérèglement climatique : la crue du fleuve Congo déshabille Kinshasa », réunissant des panelistes de renom pour proposer des solutions adaptées, au Musée national de Kinshasa.
Jean-Baptiste Leni
